Les syndicats des praticiens de santé publique exigent la concertation sur l'avant-projet de loi sanitaire. Les travaux de la conférence nationale sur la politique de santé et de réforme hospitalière se sont ouverts jeudi sur fond de protestation. Les syndicats autonomes du secteur de la santé et le conseil national de l'Ordre des médecins se sont retirés de ces assises pour ne pas «cautionner une démarche et un texte fictif auquel ils n'ont pas été associés et qui engagera l'avenir du secteur de la santé». Les trois syndicats de la santé, à savoir le Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), le Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP), le Syndicat national des professeurs et docents, (SNPDMA) et le conseil national de l'Ordre des médecins ont décidé de boycotter ces travaux, d'une part pour dénoncer l'exclusion de certains syndicats à cette rencontre (dont le Syndicat des paramédicaux) et d'autre part pour ne pas cautionner une loi sanitaire dont ils ignorent le contenu, ont-ils expliqué lors d'une conférence de presse organisée hier à Alger. Le docteur Merabet, président du SNPSP, a tenu à rappeler que les trois syndicats n'ont pas cessé d'appeler à la tenue de cette conférence depuis des années en vue d'engager un débat national sur les préoccupations et problèmes du secteur de la santé en y associant «l'ensemble des acteurs du secteur sans exclusive, y compris les représentants des secteurs du médicament et de la sécurité sociale, les syndicats, les associations et la société civile». Et le professeur Djidjli, président du SNPDMA d'enchaîner pour expliquer que la présence des syndicats autonomes à cette rencontre n'était là en fait que pour de la figuration puisqu'aucune considération ne leur a été accordée, contrairement à l'UGTA qui ne représente pas le secteur et dont le secrétaire général a été présenté avec tous les honneurs. «Nous sommes effectivement partis de bonne foi pour participer à cette rencontre dans l'idée d'apporter quelque chose à un avant-projet de loi qui n'a pas été finalement remis aux partenaires. Ce que nous refusons catégoriquement», a-t-il souligné, avant de signaler qu son syndicat dispose d'une copie de cet avant-projet qui lui a été remis par des parlementaires. Lesquels n'étaient pas présents à cette conférence nationale, du moins les commissions santé des deux Chambres. Le président du SNPSSP, le docteur Yousfi, a rappelé que le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, avait fait part à la presse de la préparation de l'avant-projet sur la loi sanitaire et avait déclaré qu'il sera soumis aux partenaires sociaux dont les syndicats. «Ce qui n'a pas été fait. Nous refusons de cautionner un fait accompli», a-t-il ajouté. Le docteur Bekkat Berkani, président du conseil national de l'Ordre des médecins, invité la veille de la rencontre, estime que l'élaboration d'un projet de loi ne se fait pas lors d'une discussion générale dans des ateliers. «Nous avons décidé de quitter ces travaux car la démarche engagée élimine tout espace de concertation et nous refusons de cautionner un texte élaboré sans les professionnels de la santé», a-t-il souligné, avant de préciser qu'une loi n'appartient pas à un individu.