Les leaders des partis politiques et les personnalités nationales qui composent la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD) ne participeront pas aux consultations que le pouvoir promet d'initier pour aboutir à la révision de la Constitution. Selon les membres de cette coordination, ce projet est destiné à la consommation avec l'objectif de récupérer les revendications de l'opposition pour les vider de leur contenu. Il s'agit là, de l'avis de la CLTD, d'un subterfuge pour impliquer l'opposition dans un travail de «rafistolage». La coordination met ainsi en garde contre ces raccourcis et refuse de répondre aux réformes de raccommodage. «Nous connaissons parfaitement les arrière-pensées politiques de ce pouvoir. En invitant les partis de l'opposition à donner leur avis sur le projet d'une Constitution consensuelle, le pouvoir prendra ne charge nos propositions qui seront par la suite diluées. Nos revendications seront vidées de leur substance», assurent les membres de la CLTD, réunis hier au siège du parti du Front de la justice et du développement (FJD) présidé par Djaballah. Pour cette structure, l'urgence, aujourd'hui, est d'aller vers une conférence nationale afin de mettre le doigt sur la plaie. «La situation est grave et l'urgence n'est pas de confectionner une Constitution qui réponde aux aspirations d'une minorité. Nous savons pertinemment que nos propositions seront mises dans les tiroirs, alors autant s'abstenir», estime la CLTD. Cette coordination, composée de cinq partis politiques (RCD, MSP, Ennahda, Jil Jadid, FJD) auxquels s'est joint Ahmed Benbitour, a évalué, lors de ce conclave, la question du dialogue entamé avec les formations et personnalités politiques ainsi que des représentants de la société civile pour les amener à prendre part à la conférence nationale prévue pour juin prochain. La CLTD compte élargir ces consultations à d'autres organisations et personnalités politiques : «Nous avons examiné ce dossier et nous avons échangé nos points de vue quant aux prochaines actions. Nous avons également débattu et enrichi le contenu de la plateforme relative à la conférence nationale, que nous comptons organiser prochainement.» Faut-il rappeler qu'à l'exception de Ali Yahia Abdennour, les personnalités politiques rencontrées dans le cadre de ces consultations n'ont pas encore confirmé leur présence à la conférence nationale. C'est le cas de Mouloud Hamrouche, qui «n'a pas abordé cette question avec la CLTD». La rencontre avec M. Hamrouche était juste une opportunité pour analyser et faire une lecture de la situation politique dans le pays. Concernant la participation à cette conférence de Ali Benflis, les deux parties divergent sur le fond. Le candidat malheureux à la présidentielle revendique «le retour à la légitimité populaire» qui ferait de lui «le président de la République», mais les membres de la CLTD ne reconnaissent pas ce processus électoral.