Louable initiative que celle de célébrer la Journée internationale de la liberté de la presse par un débat entre les professionnels des médias, des universitaires, des élus et des cadres de l'Exécutif. Ils se sont rencontrés autour d'une thématique peu commune : «Positiver et améliorer la visibilité médiatique de la wilaya de Ouargla». Une séance en plénière qui a survolé l'ancrage juridique du monde des médias en Algérie, le traitement de l'information économique et l'importance de la spécialisation ainsi que le rôle de l'élu dans l'équation médias-développement local. Mais le débat s'est vite déplacé vers des ateliers plus réduits, où le maître-mot était la relance de la dynamique de la coopération entre la presse locale et les collectivités locales. Ainsi, pour Madani Madani, journaliste-blogueur, «les acquis de la presse, tant sur le plan national que local, ne peuvent avoir de l'effet sur la pratique journalistique si la source de l'information reste fermée à tout contact, car la vraie difficulté est dans le manque d'implication de l'administration avec la presse indépendante, ce qui réduit les avancées du secteur à des acquis structurels et juridiques sans retombée réelle». Le journaliste concède aux organisateurs le fait que «le niveau général de la presse reste médiocre du fait même du manque d'implication des intellectuels et des vrais professionnels dans la presse écrite, laissant le terrain à toutes sortes d'opportunismes». Ali Djeridi, journaliste à la radio locale de Ouargla, parlera d'un changement radical de la conception même du métier de journaliste qu'il définit comme «partie prenante dans le processus de relance du développement local». L'animateur du Forum du développement à Radio Ouargla estime que «les médias ont pour devoir et rôle d'amener le citoyen vers une interactivité agissante avec les différents programmes de développement et aider à constituer une conscience collective sur le sujet». Le journaliste est un éternel opposant au pouvoir, soulignera Hadjadj Messaoud, membre de l'APW de Ouargla dont l'opinion semble s'orienter vers «un changement de regard sur le rôle des médias comme associés au développement durable». La formation des journalistes destinés au journalisme de proximité est une spécialité à part entière, relèvera le Pr Bouhania Goui, qui parle d'une refonte de la formation des journalistes localiers avec «une mise en exergue de leur motivation pour ce métier, l'intérêt pour la vie locale sous tous ses aspects, mais aussi pour leurs qualités d'écoute et d'expression afin de tendre vers la professionnalisation et l'amélioration du savoir et des compétences nécessaires à la couverture médiatique locale». C'est dans ce sens qu'une révision des contenus de la formation dispensée par l'université de Ouargla dans le cadre de la licence de journalisme et de communication devrait être envisagée pour adapter celle-ci aux besoins spécifiques des médias locaux à la recherche de collaborateurs de plus en plus compétents et au fait de l'information locale de proximité. La multiplication des pages locales consacrées à la wilaya de Ouargla et au Sud en général dans la presse nationale est un argument en faveur d'une formation plus pertinente et des sessions de recyclage à même d'améliorer les performances d'une corporation pointée du doigt par les collectivités locales, justement parce que «la presse locale regarde la moitié vide de la coupe et néglige les aspects positifs». Dans ce sens, le président de l'APW de Ouargla a proposé la création d'un espace de concertation et de débat entre les différents acteurs du développement local. Mohamed Yazid Benkrima a souligné, à l'occasion d'un débat radiophonique animé par Ali Djeridi, que «la presse locale est un partenaire à part entière des collectivités locales et qu'à l'avenir la place doit être donnée au mieux-vivre et au mieux -développer afin d'instaurer une meilleure relation dans l'insert du citoyen ouargli». Abdelbari Soudani, directeur de la station régionale de l'ENTV, parlera pour sa part d'une «nécessité de réviser les bases du métier de journaliste où l'éthique et le respect mutuel seront rois». Ce journaliste soulignera également que les qualités requises lors du recrutement du correspondant de presse doivent impérativement inclure «la maîtrise des techniques de rédaction, du recoupement de l'information, une certaine polyvalence, une solide culture générale et de qualité d'expression, sans oublier la bonne connaissance du milieu et des problèmes locaux».