Une proposition d'amnistie a été lancée par le président tunisien aux terroristes qui n'ont pas de sang sur les mains. Tunis De notre correspondant A partir du sommet du mont Chaâmbi, à la frontière algérienne, le président tunisien, Moncef Marzouki, a appelé, mardi, à la reddition des terroristes qui n'ont pas encore commis de crime, leur promettant un traitement de faveur. M. Marzouki a rappelé que «le dernier Conseil supérieur de la sécurité (21 avril) a envisagé d'examiner les cas des jeunes qui ont été manipulés pour rejoindre les terroristes mais n'ont pas encore commis de crime». «Une amnistie pourrait éventuellement être accordée à cette catégorie», a indiqué le président tunisien devant des soldats et officiers au quartier général des opérations, à Chaâmbi. Mais l'opinion publique et les observateurs ont été obligés de réviser leur évaluation lorsque le conseiller à la présidence tunisienne, chargé des Affaires juridiques, Mohamed Messaï, a fait une intervention hier sur Radio Shems FM pour préciser que les mesures proposées la veille par M. Marzouki n'ont pas encore été adoptées par le Conseil supérieur de la sécurité : «Ces recommandations ont été avancées par le président Marzouki au gouvernement et aux législateurs afin de promulguer une loi, si la proposition est adoptée.» Moncef Marzouki s'était rendu mardi à Chaâmbi pour s'enquérir de l'évolution de l'opération lancée par les forces armées tunisiennes le 13 avril dernier, dont la première étape s'est soldée, le 2 mai, par la récupération du contrôle des sommets de ces monts. La deuxième étape de cette opération d'envergure se déroule actuellement et consiste à traquer les terroristes dans les grottes de cette zone montagneuse et à déminer les parcours. Reprise en main de Chaâmbi Ce succès contre le terrorisme a fait dire au chef du gouvernement tunisien, Mehdi Jomaâ, lors de sa visite à Paris le 28 avril dernier, que «nous attaquons désormais les terroristes dans leurs caches et nous allons épurer la Tunisie de ce fléau». L'armée tunisienne domine désormais tous les points stratégiques des hauteurs des monts Chaâmbi, investis depuis près de deux ans par des terroristes se réclamant de la cellule Okba Ibn Nafaâ, ramification tunisienne d'Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI). A rappeler que 13 officiers et soldats tunisiens ont été tués dans cette zone, soit dans le guet-apens du 29 juillet 2013 qui a enregistré la perte de 8 militaires, ou suite à l'explosion de mines posées par les terroristes. L'offensive des autorités tunisiennes contre le terrorisme ne se limite pas à l'invasion de Chaâmbi. Plusieurs groupes terroristes ont été démantelés à Ben Guerdane, Sfax et Tunis, alors qu'ils envisageaient de perpétrer des attentats. Un groupe de soutien logistique au maquis de Chaâmbi vient d'être arrêté. Par ailleurs, la lutte contre le terrorisme englobe aussi la reprise du contrôle des mosquées dominées par les djihadistes et où des prêches incendiaires étaient tenus sous le gouvernement Ennahdha. «C'est là qu'ont été embrigadés des milliers de jeunes Tunisiens avant d'aller rejoindre la Syrie», n'a cessé de répéter le ministre tunisien de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou. Le nouveau ministre tunisien des Affaires religieuses, Mounir Tlili, a ainsi élaboré, quelques semaines après son installation, fin janvier, une stratégie pour reprendre les 150 mosquées concernées en y nommant de nouveaux imams. L'opération n'est certes pas facile, mais le ministère est en train de récupérer une dizaine de mosquées par semaine.