Dans certaines unités industrielles, les travailleurs qui manipulent les substances nocives pour leur santé ne sont pas suffisamment protégés. Thème central d'un débat organisé, mercredi dernier, au centre islamique de Jijel, à l'occasion de la journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail, célébrée annuellement le 28 avril, les risques chimiques dans le travail sont encore loin de bénéficier de tous les égards dans l'activité professionnelle dans la wilaya de Jijel. Dans certaines unités industrielles ou dans le secteur agricole où il est question de manipulation de produits chimiques, le sujet est encore tabou, selon ce qui s'est révélé lors des différentes interventions. A la lumière de ce qui s'est dit, c'est l'Etat qui est mis à l'index dans son rôle pour prendre en charge ce volet, d'une importance vitale dans la prévention dans le travail. Pour le Dr Chemchem, médecin du travail à l'EPH Mohamed-Seddik Benyahia de Jijel, ce sont les mesures d'évaluation de ces risques qui font surtout défaut. «Il faut d'abord évaluer ces risques pour les maitriser et prendre ensuite les mesures qui s'imposent pour les éliminer», estime-t-il. Selon lui, la législation en vigueur impose aux employeurs de protéger les travailleurs de ces risques. Or, la situation, selon les mêmes propos, n'est pas toujours maitrisée, notamment quand il s'agit de travailleurs non déclarés. Et dire que le suivi médical post professionnel s'impose pour dépister toutes formes de complications liées à ces produits. «Le risque encouru durant l'activité professionnelle peut s'étaler sur une période de latence qui peut aller au-delà de vingt ans, comme dans le cas de certains cancers après la manipulation de produits chimiques», souligne-t-on. Il reste que les mesures de prévention sont le point nodal de toute action pour éviter ces risques. «Quand on diagnostique une maladie professionnelle, c'est un échec de la prévention», martèle-t-on. Tenant responsables les employeurs dans la prévention de ces risques, des intervenants ont appelé à la formation et la sensibilisation des travailleurs pour leur éviter d'être exposés aux produits qu'ils manipulent. «Il faut que l'Etat intervienne pour prendre en charge ce problème», clame-t-on. A titre d'exemple, des cas d'asphyxies par manipulation des produits phytosanitaires, évacués au service des urgences médicales, ont été évoqués pour dénoncer la non-sensibilisation des agriculteurs sur le danger de ces produits. Faute de pouvoir agir directement sur le problème, l'on s'est contenté d'émettre le vœu de voir ces agriculteurs et l'ensemble des travailleurs bénéficier d'une sensibilisation sur les risques des produits chimiques auxquels ils sont exposés.