Entre 200 et 300 personnes sont atteintes chaque année en Algérie de mésothéliome pleural, un cancer professionnel provoqué par cette substance très nocive. L'amiante peut provoquer des cancers du poumon plusieurs décennies après avoir été exposé, ont alerté des spécialistes présents aux journées nationales de pneumo-phtisiologie organisées le week- end dernier au CHU de Tizi Ouzou. Selon des chiffres communiqués lors de cette rencontre scientifique, entre 200 et 300 personnes sont atteintes chaque année en Algérie de mésothéliome pleural, un cancer professionnel provoqué par l'amiante. Cette substance utilisée dans la construction et certaines industries est présente également chez nous en de nombreux endroits, notamment les établissements scolaires, universitaires, et même hospitaliers. «L'amiante représente un problème de santé publique de part sa fréquence et sa gravité. Un tiers des cancers professionnels dans le monde est lié à l'amiante. Dans les pays industrialisés, l'utilisation de la fibre d'amiante est réglementée voir interdite comme c'est le cas de la France depuis janvier 1997», a indiqué Dr Dib du Service de médecine du travail du CHU de Tizi Ouzou. Même si la fabrication, l´importation et la commercialisation de tout type de fibre d´amiante et des produits qui en dérivent ou en contiennent sont interdites dans notre pays, selon un décret exécutif datant de 2009, l'amiante affecte de plus en plus de personnes en contact direct avec cette matière. «L'Algérie utilisait l'amiante depuis 1948. Elle a attendu 1999 pour appliquer le décret exécutif n° 99-95 du 19 avril 1999 relatif à la prévention des risques liés à l'amiante et prendre les premières mesures réglementaires très limitées dans la prévention des risques liées à l'exposition aux poussières d'amiante pour les travailleurs et la population. Ces mesures concernent l'interdiction de mettre sur le marché et d'employer toutes fibres d'amiante à l'exception du chrysolite (amiante blanc), l'interdiction de la projection d'amiante par flocage, le retrait ou confinement de tous ouvrages ou éléments d'ouvrages contenant de l'amiante et ceci après confirmation de la présence de flocage et calorifugeage», a expliqué l'intervenante. Et d'ajouter : «La législation algérienne a fixé les mesures de protection des travailleurs contre les risques liés à l'inhalation de poussières d'amiante que doivent respecter les organismes employeurs par l' arrêté interministériel du 1 octobre 2003. Ce texte stipule : ‘'L'employeur concerné doit procéder à une évaluation des risques afin de déterminer notamment, la nature des fibres en présence, la durée et le niveau d'exposition des travailleurs à l'inhalation de poussières provenant de l'amiante ou de matériaux contenant de l'amiante. Ou encore : ‘'L'employeur est tenu d'assurer les moyens de protection collectif et individuel ainsi qu'une surveillance médicale de ses employés. L'article 20 et 21 exigent à l'employeur de remettre une attestation d'exposition pour les travailleurs qui quittent l'entreprise ainsi qu'une surveillance médicale postérieure à l'exposition à l'amiante tous les deux ans». D'autre part, elle a soutenu : «Aucun suivi de traçabilité n'a été effectué sur tout ce qui est entré en Algérie avant l'interdiction en 2009 de l'importation de cette matière. On ne connaît pas tous les endroits où cette matière est encore présente». Le manque de prise en charge des personnes exposées à l'amiante a été également soulevé par des spécialistes. «Le mésothéliome est une tumeur très rare en l'absence d'exposition à l'amiante. La période de latence d'apparition des mésothéliomes liés à l'exposition à l'amiante est très longue, en moyenne de 40 ans, et est supérieure à 15 ans dans la quasi-totalité des cas. L'Organisation internationale du travail a constaté en 2004 que 100 000 personnes dans le monde mouraient chaque année d'un cancer causé par l'amiante sans tenir compte de ceux décédés pour d'autres maladies de l'amiante», conclut Dr Dib.