Les finances de l'Algérie restent très vulnérables aux risques de chocs externes, du fait notamment des incertitudes qui pèsent tant sur la production pétrolière que sur l'évolution des prix sur le marché mondial. C'est ce que fait ressortir en substance le Fonds monétaire international (FMI) dans son tout dernier rapport sur les perspectives économiques de la région Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan (Moanap). Rappelant qu'en 2013 la baisse de la production pétrolière a ralenti la croissance dans les pays exportateurs de pétrole de la région, dont l'Algérie, l'institution de Bretton Woods souligne que, dans le contexte actuel, «les prix du pétrole sont exposés au risque que la croissance de la demande mondiale soit plus faible que prévu». Les experts du FMI constatent que l'Algérie et d'autres pays exportateurs de pétrole de la région sont plus vulnérables à un choc sur les prix que ceux du Conseil de coopération du Golfe (CCG). «La plupart des pays hors CCG, préviennent-ils, afficheraient un déficit extérieur courant si les prix du pétrole tombaient à 85 dollars ou plus bas», ce qui, d'après les marchés d'options, ajoutent les mêmes experts, «a une chance sur six de se produire d'ici fin 2014». Dans les pays hors CCG, relève encore le FMI, «les déficits budgétaires sont un problème chronique et ils s'aggraveront si les projections concernant l'augmentation de la production de pétrole dans ces pays ne se concrétisent pas». Outre les incertitudes liées à l'évolution de la production pétrolière, le FMI met également en garde contre les risques d'un fléchissement des cours du brut, qui mettrait sérieusement à mal les équilibres budgétaires des pays pétroliers. Les marchés à terme, souligne en ce sens le FMI, «laissent entrevoir une baisse du prix du brut de l'ordre de 6 dollars le baril entre 2013 et 2015». Quoi qu'il en soit, indique l'institution internationale dans ses dernières prévisions, la balance des comptes courants de l'Algérie, si elle reste positive pour s'établir à 0,5% du PIB en 2014, devrait, en revanche, devenir négative pour représenter -1,3% du PIB en 2015. Ce faisant, est-il préconisé, les priorités de l'Algérie et des autres pays pétroliers de la région doivent désormais s'axer autour de la diversification de leurs économies afin de réduire leur dépendance au pétrole, d'augmenter les opportunités d'emploi dans le secteur privé et de renforcer leur résistance à d'éventuels chocs externes. De même, insistent les experts du Fonds, «la politique budgétaire de ces pays doit gérer les pressions de la demande, préserver les richesses pour les générations futures et s'assurer de l'efficacité des dépenses d'investissements publics». Dans cet ordre d'idées, ils ne manquent pas de plaider en faveur d'une rationalisation des subventions énergétiques qui dépassent, indiquent-ils, 10% du PIB dans certains pays alors qu'elles bénéficient surtout aux riches et sont bien moins efficaces pour lutter contre la pauvreté que des aides sociales bien ciblées. A souligner enfin que dans son analyse des facteurs géopolitiques et des tensions régionales pouvant affecter l'évolution du contexte énergétique actuel, le FMI estime que «les importations de gaz algérien par l'Europe pourraient s'accroître si l'approvisionnement par l'Ukraine venait à être perturbé».