Le FMI a indiqué que la croissance des pays exportateurs de pétrole de la région MENA connaîtrait une accélération du fait de la hausse des cours de brut tout en les prévenant sur une augmentation de la vulnérabilité de leurs finances publiques. C'est l'une des principales conclusions formulées par le FMI dans sa dernière évaluation des perspectives économiques pour le Moyen-Orient et l'Afrique du nord (MENA) publiées mercredi. «Les pays exportateurs de pétrole de la région (Algérie, Arabie saoudite, Bahrein, Emirats arabes unis, Iran, Irak, Koweit, Oman, Qatar, Soudan et Yémen) connaîtront une hausse moyenne de la croissance de 4,9 % en 2011, grâce à la hausse des cours et de la production, taux qui devrait se modérer en 2012», souligne le Fonds. Mais le taux de croissance des pays importateurs de pétrole de cette région s'établira juste au dessous de 2% en 2011. «Depuis le début de l'année, la région se trouve aux prises avec des incertitudes et des tensions économiques sans précédent», a déclaré M. Masood Ahmed, directeur du Département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI à l'occasion de la publication de ce rapport. Selon lui, la récente dégradation de l'économie mondiale aggravera vraisemblablement ces tensions. L'activité économique s'est clairement améliorée dans les pays exportateurs de pétrole de la région, à la faveur de la hausse continue des cours énergétiques, observe l'institution de Bretton Woods qui ajoute que cette expansion est tirée par l'essor de l'activité dans les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), où la croissance se chiffrera, d'après les projections, à 7% en 2011. Plusieurs pays, dont l'Arabie saoudite en particulier, ont accru temporairement leur production de pétrole en réaction à la hausse des cours et aux déficits de production en Libye. «La décision d'accroître la production pétrolière à la suite des bouleversements en Libye a contribué de manière cruciale à la stabilité du marché mondial de l'énergie et au renforcement de l'activité», a noté M. Ahmed. L'augmentation des recettes pétrolières «a élargi la marge de manoeuvre pour les dépenses publiques dans les pays pétroliers dont plusieurs d'entre eux ont annoncé au début de l'année des plans de dépenses couvrant un large éventail de mesures, dont subventions, hausses salariales et dépenses d'investissement'', poursuit le FMI. D'après les niveaux de prix et de production actuellement prévus, le surcroît de recettes devrait largement compenser les niveaux élevés de dépenses publiques. En 2011, le solde courant global des pays exportateurs de pétrole devrait passer de 202 à 334 milliards de dollars (non compris la Libye), et celui des pays du CCG de 163 à 279 milliards de dollars. Cependant, avise le Fonds, «la vulnérabilité des finances publiques des pays exportateurs de pétrole a aussi sensiblement augmenté». Pour 2012 le FMI table sur une modération du rythme de croissance aux environs de 4 %. «Plusieurs facteurs pourraient donner lieu à un scénario de croissance moins positif pour les exportateurs de pétrole de la région», prévoit-il, ajoutant que le risque le plus immédiat serait l'impact d'un net ralentissement de l'activité en Europe et aux Etats-Unis. Risque d'une baisse durable des cours de pétrole La demande mondiale de pétrole pourrait subir une contraction marquée, pouvant elle-même «entraîner une baisse durable des cours de pétrole», avance-t-il. Pour ce qui est des pays importateurs de pétrole, les transformations politiques et économiques en cours dans plusieurs d'entre eux progressent lentement et devraient se poursuivre pendant une bonne partie de 2012. Outre la dégradation des perspectives économiques à l'échelle mondiale et en Europe, où la croissance devrait se replier de 1,7 % cette année à 1,4 % en 2012, la région subit l'effet d'une baisse prononcée des investissements et du tourisme. De ce fait, la croissance cette année s'inscrit en net recul et il faut s'attendre pour 2012 à une reprise plus faible que prévue pour les pays-MENA importateurs de pétrole. Face à la montée des troubles sociaux, au ralentissement économique et à la hausse des cours des matières premières, les gouvernements de la région ont considérablement accru les subventions et transferts. Le coût de ces dépenses sociales reste élevé, dépassant 10 % du PIB en Egypte et 5 % du PIB dans la plupart des autres pays, ayant conduit à un creusement des déficits budgétaires des pays importateurs de pétrole. «Il ne sera pas facile de satisfaire les demandes croissantes de la population, d'autant que la plupart des pays ont déjà épuisé leurs ressources budgétaires et réserves de change pour faire face à la dégradation de la situation économique à la suite du Printemps arabe, et qu'ils ont moins de marges pour affronter les chocs futurs», signale le rapport. «Compte tenu de la plus grande aversion pour le risque manifestée par les marchés financiers internationaux, des contraintes de coût et de disponibilité vont peser sur les financements privés à court terme, mais les gouvernements ont la possibilité de faire appel aux sources officielles de financement extérieur et budgétaire», précise le FMI dans son évaluation. Les partenaires régionaux et internationaux peuvent aider à formuler et à mettre en oeuvre des programmes de réformes, à la faveur d'une assistance technique, d'un allégement de dette et d'un meilleur accès aux marchés. Pour le FMI, «les conflits, notamment en Libye, en Syrie et au Yémen, ont eu un coût humain colossal, en plus de leur énorme coût économique. La priorité immédiate pour ces pays est d'éviter que la crise humanitaire perdure et, au sortir des conflits, de mettre en place des plans de reconstruction et de réformes».