«Moi et le Maréchal» est le titre d'une nouvelle pièce mise en scène par Saïd Bouabdallah de la coopérative «Ateliers El Bahia» et dont la générale est prévue le 14 juin prochain au TRO. Un maréchal et un soldat en fuite dans le désert entrent dans une ville et découvrent qu'ils sont recherchés. Un aperçu de l'intrigue portée par deux protagonistes que tout oppose mais dont le destin reste intimement lié. Le récit est plein de rebondissements malgré un certain minimalisme qui caractérise les choix esthétiques et scénographiques du metteur en scène. Ici, la dualité haut gradé /soldat, homme de corvée, qui caractérise ce duo, évoque vaguement le couple Hidalgo et son serviteur Sancho Panza de l'œuvre majeure de Cervantes mais la comparaison s'arrête-là car, à la folie idéaliste perçue dans Don Quichotte, l'auteur marocain Ahmed Ksar oppose la folie des grandeurs. La symbolique du texte penche donc plutôt vers la dictature, sous-entendant les bouleversements vécus par certains pays arabo-musulmans. Ce texte n'a jamais été joué auparavant mais le dramaturge algérien a dû l'adapter d'abord sur un plan strictement linguistique pour le rendre proche du dialectal puis sur un plan philosophique en changeant la fin. «Le texte original réserve une fin extrêmement violente pour le personnage principal mais moi, j'ai préféré l'option humiliation en le faisant tomber dans la déchéance par le délire et la folie», explique Saïd Bouabdallah qui signe ici sa 6ème production. Pour la distribution, il a fait appel à deux acteurs, Fouad Bendoubaba et Bouchiche Bouhadjar. Le second a été primé l'an dernier par le festival du théâtre professionnel d'Alger. La précédente pièce produite par la même coopérative, intitulée «Métamorphose» et inspirée du texte de Kafka, a participé au festival du théâtre arabe de Casablanca (Maroc). C'est d'ailleurs lors de cette manifestation que le metteur en scène et l'écrivain se sont rencontrés et ont convenu de monter la pièce. Avec plus de 40 ans d'expérience dans le domaine théâtral, d'abord en tant que comédien, puis directeur du TRO, producteur et, enfin, metteur en scène, Saïd Bouabdallah n'exerce plus, dit-il, pour «amuser la galerie» mais par passion. Une passion qu'il partage cette fois encore avec quelques-uns de ses complices dont Habib Medjahri pour le conseil artistique ou Belkaroui et Bencheikh Fatima pour le travail sur le texte mais aussi les frères Ziani pour la musique. Les répétitions se déroulent à Hammam Bouahdjar, dans un petit théâtre aménagé dans une ancienne ferme.