Dix-neufs signataires, tous membres de Barakat, s'opposent, dans un communiqué, aux consultations politiques «engagées à leur insu» et critiquent «une initiative lancée par quelques personnes qui ne représentent qu'elles-mêmes et qui s'inscrit en porte-à-faux avec les idéaux, le texte fondateur et notamment la déclaration politique de Barakat». «Pour qu'il n'y ait pas de nouveaux Khalida et Amara au nom de Barakat, nous dénonçons fermement les consultations engagées par un groupuscule de personnes au nom du mouvement, avec un certain nombre de partis politiques», affirment-ils. Selon les auteurs, la démarche est «incompréhensible et douteuse». «Cette décision a été prise lors d'une réunion informelle et non lors d'une assemblée générale», précise Bouzid Ichaalalan, l'un des membres signataires. 15 militants étaient présents dont trois nouveaux membres. Amira Bouraoui et Mehdi Bsikri ont soumis au vote la décision d'engager des consultations avec les partis politiques. 13 personnes ont voté en faveur du texte. Selon Bouzid Ichaalalan, «cette décision n'était pas à l'ordre du jour, ce vote n'a aucune légitimité». A la fin de cette réunion, un message a été envoyé aux membres présents avec le programme des rencontres avec les différents partis politiques (Ennahda, El Adala, Al Jil Jadid, MDS et MSP). Selon un membre de Barakat, ce message démontrerait que les consultations politiques ont débuté bien avant le vote de cette décision. «Amira Bouraoui a constitué un groupe pour valider cette décision et profiter de l'absence de certains membres», déclare Idir Tazerout. «Ce choix contredit le texte fondateur du mouvement, on trahit la confiance des Algériens. Barakat n'appartient ni à moi, ni à Amira, ni aux 19 signataires du communiqué. Il appartient à tous le monde», insiste Bouzid Ichaalalan. Officiellement, les consultations politiques seraient entreprises au nom de la transition politique. Officiellement. «Amira Bouraoui disparaît de la scène médiatique. En perte de visibilité, elle a pris cette décision pour revenir sur le devant de la scène», dénonce un membre. «C'est une manipulation ! Amira Bouraoui veut assouvir ses ambitions politiques sur le dos de Barakat», ajoute un membre du mouvement. Jointe par téléphone, la principale concernée réagit : «Nous avons voté cette décision à la majorité lors d'une assemblée générale. 20 personnes étaient présentes. Quand on n'assiste pas aux réunions, on ne conteste pas les décisions prises.» «Je n'ai aucune ambition politique, si ce n'est que les choses changent dans notre pays», ajoute-t-elle. Sa démarche, selon elle, est conforme au texte fondateur : «Nous entamons des discussions avec de partis et des personnalités politiques. Il s'agit de tables rondes et non pas d'alliances. Ce communiqué n'a aucune valeur. Car Barakat a toujours communiqué via sa page facebook.» L'avenir de Barakat semble s'écrire en pointillé. Une assemblée générale va être organisée pour mettre fin aux divisions. Des mesures seront prises. L'éviction de certains membres du mouvement est évoquée.