Il avait l'Algérie chevillée au cœur. Militant inlassable, son histoire personnelle et celle de son pays d'adoption sont indissociables. Paris (France) De notre correspondant «Ses sentiments fraternels à l'égard des Algériens ne se sont jamais démentis, sans jamais rien demander en retour. Nulle gloriole officielle, aucune tentative de récupération de son action de solidarité envers les Algériens, ses frères, ne réussit à ternir son parcours. C'est en terre d'Algérie, conformément à ses dernières volontés, qu'il reposera définitivement aux côtés de Heike, sa compagne de combat pour l'Algérie, son épouse, la mère de sa fille Annik, qui vit le jour en Algérie en 1964. Nous serons nombreux aux côtés de notre sœur Annik pour la soutenir en ces tristes circonstances. Nous serons présents pour accueillir la dépouille de Jean-Louis et les cendres de Heike», témoigne Boussad Ouadi, éditeur-libraire. Retour sur un passé engagé. Auteur du livre Le Déserteur, publié et interdit en 1960, «porteur de valises» du FLN, Jean-Louis Hurst, né en 1935, découvre le nationalisme algérien grâce à un ami, employé de son père. Sous-lieutenant dans l'armée française en 1957, le jeune communiste juge trop tiède la position de son parti et s'engage pour la libération de l'Algérie. Sa rencontre avec André Mandouze, intellectuel anticolonialiste, va précipiter son engagement : il devient «porteur de valises» pour le FLN et intègre le réseau Jeanson. En septembre 1958, il reçoit, de l'armée, l'ordre de partir pour l'Algérie. Il déserte et rejoint d'autres réfractaires en Suisse, où il crée le mouvement Jeune Résistance pour soutenir les déserteurs et les insoumis. Jean-Louis Hurst publie Le Déserteur aux éditions de Minuit sous le pseudonyme Maurienne. Tout comme deux années auparavant avec La Question d'Henri Alleg, publié également aux éditions de Minuit, le livre est saisi, l'auteur et l'éditeur sont poursuivis pour incitation de militaires à la désobéissance et condamnés à une amende. «Pied rouge». Alors que les pieds-noirs quittent l'Algérie, il fait le chemin inverse. «Il devint un pédagogue hors pair au collège de Larba Nath Irathen et à l'Ecole des cadets de la révolution à Koléa, entre 1963 et 1968», note Boussad Ouadi. De retour en France, il devient journaliste à Libération. Demain, il posera définitivement ses bagages au cimetière chrétien de Diar Essaâda.