La conférence de presse récemment animée par Aïssa Menadi, le secrétaire général du syndicat du complexe sidérurgique d'El Hadjar, porte le nom d'un combat que livrent les travailleurs de la sidérurgie algérienne.Il est dirigé contre tous ceux qui tentent de déstabiliser notre employeur le groupe indien Mittal Steel. Notre combat ne prendra fin que lorsque nous aurons la certitude que les intérêts des travailleurs et du maintien de leurs outils de production sont sauvegardés " a précisé Aïssa Menadi qui est également le secrétaire général de la plateforme syndicale UGTA. Cette dernière compte plus d'une centaine d'entreprises publiques et privées. Menadi a beaucoup insisté sur cet aspect. Il s'agissait pour lui de mettre en garde ceux qui, depuis quelques mois, distillent les rumeurs et les fausses informations sur le désengagement du groupe indien Mittal Steel du complexe sidérurgique d'El Hadjar. Comme pour souligner son démenti, il a annoncé de nouvelles acquisitions et des investissements engagés par le groupe indien Mittal Steel. Y figurent la création d'une société mixte composée de Mittal Steel, la Société Nationale des Transports Ferroviaires et l'Entreprise Publique Economique Ferphos ainsi que les nouvelles propositions soumises par le groupe indien au gouvernement algérien pour acquérir les filiales de production Alfatus El Hadjar et Pipegaz Ghardaïa. Parallèlement, Aïssa Menadi a fixé aux travailleurs y compris ceux de la filiale du groupe Sider Alfatus en grève illimitée, un rendez vous pour le début du mois de septembre 2006. "De grands bouleversements dans la gestion de la sidérurgie algérienne, dans la production des tubes et dans le transport ferroviaire sont attendus à partir de septembre 2006. Le groupe Mittal Steel y participera d'une manière efficiente. Outre sa participation aux actifs pour la création d'une société mixte, il a soumis récemment de nouvelles propositions pour acquérir ceux de Alfatus El Hadjar et Pipegaz Ghardaïa " a t-il indiqué. Ainsi, loin de se désengager du complexe sidérurgique de El Hadjar dont il détient 43,6 % des actifs, le groupe indien Mittal Steel ne cache plus ses intentions de conquérir les deux filiales de production encore dans le portefeuille du groupe Sider. La prise de contrôle du complexe sidérurgique d'El Hadjar suivie récemment par sa participation à la création de la société mixte des transports ferroviaires de marchandises, la fusion réalisée le 26 juin avec le groupe sidérurgique français Arcélor et son titre de leader mondial de l'acier, sont des atouts non négligeables. Ils s'ajoutent à la décision de Lakshmi Mittal le patron du groupe indien de confier la gestion de son empire de l'acier à Aditya son fils pour se consacrer aux hydrocarbures. Le sort des filiales Sider Alfatus et Pipegaz, préfigure du lancement d'un mouvement vaste engagé en Algérie par Mittal Steel. A partir de septembre 2006, il entamera, via la société mixte des transports, la réalisation de 200 km de voie ferrée et la rénovation des machines et des équipements des rails AnnabaTébessa pour un investissement de plusieurs dizaines de millions de dollars. Le groupe s'inscrit également dans le domaine de la production des tubes qui emploie actuellement quelque 1200 personnes. Il s'est fixé pour mission la promotion de concepts et pratiques de management et entend promouvoir la réflexion stratégique sur la production sidérurgique. pressions Cette offensive est motivée par les multiples pressions qui seraient exercées sur le gouvernement algérien afin qu'il cède Alfatus et Pipegaz Ghardaïa à Primary Industries. Selon les syndicalistes du complexe sidérurgique d'El Hadjar, ceux qui avaient pris fait et cause pour Primary Industries radoucissent le ton et, ces derniers jours, lancent des œillades au groupe indien. "Malgré les garanties présentées par Mittal Steel notamment la présentation de propositions identiques à celles qui avaient prévalues pour la cession du complexe d'El Hadjar, l'hostilité contre le groupe indien s'est accentuée. Elle ne venait pas seulement de certains cadres du groupe Sider ou de la SGP Transolb, elle était aussi le fait de certains membres du gouvernement" rapportent des sources syndicales. Pour ces mêmes sources, le gouvernement algérien serait animé d'une bonne et d'une mauvaise préoccupation. D'un côté il se soucie de l'avenir des 2 filiales Alfatus et Pipegaz. De l'autre côté, il se félicite d'éviter le "bain de sang" social qui aurait forcément accompagné leur cession à Primary. A ce niveau syndical, l'on estime que Mittal Steel s'est intégré dans la construction d'un grand ensemble sidérurgique en Algérie. C'est dire que les acquisitions réelles ou projetées des 2 filiales ressemblent à une marche forcée que Mittal Steel a entamée depuis le début de l'année 2006. Il a en face Primary Industries un concurrent que les cadres dirigeants de Transolb qualifient de plus accompli sur le terrain. Via leur syndicat, les quelques 1200 travailleurs de Alfatus El Hadjar et Pipegaz Ghardaïa affirment que rien ne se fera sans eux. " Nous serons Mittal Steel sinon rien" déclarent à l'unisson ceux présents devant le siège du syndicat que préside Menadi Aïssa. Ils avancent pour preuve du sérieux du groupe indien, l'amélioration des conditions socioprofessionnels des travailleurs et les investissements que ce groupe envisage entreprendre au niveau du complexe d'El Hadjar. Il s'agit notamment de la modernisation de la chaîne de production du Laminoir à Chaud, de la ligne Rond à béton, des systèmes de basculement des 3 CV de l'aciérie à oxygène (ACO) 1, de la machine à coulée continue N° 8 ACO 2, du système de contrôle épaisseur du laminoir à froid (LAF), de l'installation de cisailles avant les blocs finisseurs du laminoir Fil et Rond, de la mise en route du Haut fourneau N°1. D'autres investissements interviendront prochainement pour la rénovation générale de la centrale thermique à l'arrêt depuis 1988, l'acquisition d'équipements de dépoussiérage de l'agglo N°2, de la mise en place d'une ligne de distillation de l'ammoniac et traitement des eaux avant rejets à la cokerie et d'un système intégré de gestion, du lancement de l'étude pour la réhabilitation du Haut fourneau N° 2 et de l'acquisition de matériels roulants spécifiques à la sidérurgie et aux mines.