Sur ordonnance du procureur de la République près le tribunal d'El Hadjar (Annaba), un huissier de justice a été désigné pour déterminer avec exactitude les causes ayant entraîné les évènements qui ont marqué depuis le début de la semaine le complexe sidérurgique d'El Hadjar. C'est dire que ces évènements semblent prendre une tout autre tournure que celle prévue par les initiateurs. Au-delà des perturbations des activités des unités de production et de la déstabilisation des cadres dirigeants indiens, dont le directeur général nouvellement installé, ces évènements à l'origine du décès d'un enfant âgé de 11 ans ont profondément marqué l'environnement direct et indirect du complexe Ispat El Hadjar. Bien qu'habitués aux crises socioprofessionnelles, les gestionnaires indiens ont été pris de court non seulement par la grève, que rien n'annonçait, mais aussi par la violente réaction des habitants de Sidi Amar, leur commune de résidence. Pour eux, bien que limitée dans le temps, cette grève était incompréhensible d'autant que quelques jours auparavant, ils avaient donné suite favorable à la demande des syndicalistes de négocier différents points socioprofessionnels. Incompréhensible pour eux également la réaction violente des jeunes habitants de Sidi Amar sachant que, la veille même, le directeur général d'Ispat avait accédé à la demande des autorités locales de donner la priorité aux jeunes pour tout recrutement. C'est cette dernière décision qui a mis le feu aux poudres. Elle annulait de fait la correspondance émise en 2002 par l'ancienne direction générale Ispat donnant prérogative de recrutement aux syndicalistes. Ce qui expliquerait la grande colère de Aïssa Menadi et son coup d'éclat lors de la conférence de presse qu'il avait animée en annonçant sa décision irrévocable de démission du poste de secrétaire général du syndicat Ispat. « Même si le secrétaire général de l'UGTA me le demandait, je ne reviendrai pas sur ma décision. Désormais, je me limiterai à ma fonction de secrétaire général de la plateforme syndicale UGTA de Sidi Amar », avait affirmé Aïssa Menadi. Doutes Le lendemain même, un communiqué annonçait que Aïssa Menadi et les six autres membres du bureau syndical revenaient sur leur décision. D'où les doutes exprimés par plusieurs observateurs quant à une réelle tentative d'agression dont aurait été victime Aïssa Menadi, le secrétaire général du syndicat, et leur certitude qu'il s'agissait d'une grossière manipulation des syndicalistes. Entre-temps, l'ensemble des habitants de la commune de Sidi Amar avait vécu dans l'angoisse. A la mort du petit innocent pris dans la tourmente provoquée par ceux qui, dans les coulisses, tiraient les ficelles des évènements, les citoyens ont assisté durant plus de 48 heures à des émeutes intermittentes et à des barrages mis en place par les émeutiers paralysant la circulation. Sans le sang-froid et l'expérience des gendarmes, la situation aurait tourné au vinaigre, particulièrement lorsque les jeunes manifestants s'étaient attaqués au siège de l'APC de Sidi Amar. Ils avaient même envisagé d'assiéger la résidence du secrétaire général du syndicat et du directeur général indien de la société algéro-indienne Ispat. C'est à la demande de ce même directeur qui a pris ses fonctions le 8 août 2004, soit presque une année après le départ de son prédécesseur, que la justice a réagi. Depuis hier, l'huissier de justice, celui-là même qui avait constaté en 2000 l'illégalité d'une grève déclenchée par les syndicalistes, est à pied d'œuvre à l'intérieur du complexe sidérurgique d'El Hadjar. A travers cette démarche, les initiateurs cherchent d'abord à démystifier les syndicalistes avant d'entamer à leur encontre des poursuites judiciaires. « Il est indispensable que cesse pareille situation préjudiciable à tous. Les syndicalistes ont pour seule mission de sauvegarder les intérêts des travailleurs et non s'immiscer dans la gestion de la société. D'ailleurs, nous avons pris rendez-vous avec eux pour la fin du mois d'octobre 2004 avec la ferme intention d'apporter les questions qui conviennent aux problèmes que ce partenaire ne manquera pas de poser. Ceux qui ont d'autres objectifs que l'intérêt des travailleurs doivent savoir que l'Algérie d'aujourd'hui n'est pas celle des années 1990. Nous sommes prêts à laisser tomber », a indiqué en substance un des cadres gestionnaires indiens que nous avons contacté.