Le rideau est tombé sur la récolte des abricots dans le nord-ouest de la wilaya de Batna, principalement dans les régions de N'gaous, Ouled Si Slimane et Ras El Aioun. Le coup de grâce vient d'être porté à ce fruit, connu pour sa maturité instantanée, par les vents violents, les siroccos conjugués à la canicule infernale vécue par la régions située aux confins des zones steppiques. Là encore, le fruit n'a pas trouvé preneur, et chutant des arbres, il est exposé au pourrissement ou à " sa transformation en fermesse " (fruit sec), selon les propos d'un fellah dépité, rencontré à Ouled Si Slimane. A l'issue de cette campagne, a-t-on appris auprès des services agricoles, il est attendu une récolte de 250 000 q. La région vit un véritable désastre socio-économique en l'absence d'une politique cohérente dans les investissements en amont et en aval. L'unique unité de transformation Enajuc se trouve dépassée, d'autant qu'elle est empêtrée dans un marasme sans fin (privatisation par le conseil les participations de l'Etat avortée) ; elle n'est pas en mesure de prendre la production d'abricots. " Avec ses équipements obsolètes, Enajuc opère avec des intermédiaires qui veulent nous brader, en nous offrant 7 DA/ le kg ", nous dira le président de l'association de producteurs. Ce qui n'est pas l'avis des responsables d'Enajuc, qui soutiennent ceci : " Nous donnons les caissettes à tout fellah désireux de livrer sa production, mais les fellahs nous fourguent le tout venant, les beaux fruits sont commercialisés chez les camionneurs qui viennent des quatre coins du pays ". Face à cette polémique, le président de la Chambre d'agriculture déclarera : "Le problème d'écoulement se pose à chaque campagne. Nous avons saisi tous les acteurs de l'agroalimentaire pour qu'ils se manifestent et négocient avec les producteurs. Notre région est boudée par les investisseurs ". Dans un autre contexte, il est recensé une foultitude d'aléas allant des risques climatiques (sécheresse - gelée) aux maladies phytosanitaires, mais l'obstacle de taille demeure les débouchés d'écoulement du fruit. Interrogés, les fellahs voient à l'unanimité la solution dans le montage de leurs propres ateliers de transformation. " Malheureusement, les dispositifs ANSEJ et PME tant médiatisés nous répugnent de par leurs tracasseries administratives", disent certains. S'il est vrai que le soutien de l'Etat au développement des plantations de l'abricotier est réel, il n'en demeure pas moins qu'en amont, le FNDRA n'a pas été plus loin dans l'investissement, notamment en matière de création de chambres froides et d'unités de transformation. Pour le directeur des services agricoles, Liamine Grabsi, " les producteurs doivent se constituer en société et prendre l'unité Enajuc pour mettre terme à leur détresse ". Selon les statistiques de la DSA, la région compte 4500 ha plantés (plus de 700 000 arbres) et les rendements se sont sensiblement améliorés (60 q/ha) avec l'introduction de variétés nouvelles. A noter que le " Rosé " et le " Paviot " sont les variétés séculaires de la région. Actuellement, le fruit est proposé au consommateur à 60 DA/kg.