La réforme du système éducatif imposant l'examen de 5e année du cycle primaire s'inscrit dans une logique contradictoire de la loi sur l'orientation scolaire qui correspond à une scolarisation obligatoire jusqu'à l'âge de 16 ans, soit 9 années de scolarité, qui est un droit consacré par les Lois fondamentales du pays. C'est du moins ce que relèvent de nombreux spécialistes en la matière. Enseignants, parents d'élèves et pédagogues trouvent inutile l'organisation de cet examen pour le passage au cycle secondaire qui pénalise les enfants sur le plan pédagogique et psychologique d'une part, et qui mobilise des moyens matériels, humains et pédagogiques d'autre part. Plus de 81 000 surveillants, 15 000 correcteurs et 3350 observateurs sont mobilisés pour assurer le déroulement de cet examen. Accèderont à la première année de l'enseignement moyen ceux qui obtiendront une moyenne égale ou supérieure à 5 sur 10. La moyenne est calculée sur la base de la moyenne annuelle de l'année scolaire ajoutée à la moyenne générale de l'examen divisée par deux, selon l'Office national des examens et concours (ONEC). Une session de rattrapage est prévue un mois après, soit le 25 juin. L'objectif de cette évaluation est bien sûr d'éliminer les élèves médiocres, qui finiront par abandonner et leur nombre ne fera qu'augmenter au vu de la qualité de l'enseignement et de la formation au niveau du cycle primaire. Un point négatif d'une ineptie qui n'obéit à aucune logique, estime Ahmed Tessa, pédagogue. Pour lui, cet examen porte préjudice à l'équilibre mental des élèves à cause de la pression exercée par les parents et par le système. Comme cela angoisse aussi les parents qui se réfugient dans des solutions de facilité en ayant recours aux cours de soutien payants, a souligné M. Tessa, avant de rappeler que l'examen de 6e a été instauré par les Français au XIXe siècle pour éliminer les enfants des pauvres et des ouvriers, on l'appelait à l'époque le baccalauréat de l'école primaire. «L'examen de 6e et le brevet sont les symboles de la pédagogie sélective qui crée l'apartheid scolaire», a-t-il estimé. Il appelle ainsi à supprimer les examens basés sur le bachotage et le par-cœurisme, «sources de pression et de business», a-t-il signalé. Pourquoi ne pas revenir aux méthodes utilisées durant des années, tenir compte de toutes les notes de l'année pour justement éviter cette angoisse qui pourrait faire échouer, à travers cette compétition, quelques bons élèves ? Meriane Meziane, enseignant et président du Snapest, estime que le moment est venu pour supprimer cet examen qui est en contradiction avec la loi d'orientation scolaire. Outre l'appréhension face à ce concours qui engendre stress et angoisse, «le plus grave c'est lorsqu'un élève est recalé et qu'il se retrouve avec des plus jeunes que lui. Un obstacle psychologique que l'enfant aura du mal à surmonter», a-t-il estimé. Et de proposer la création d'une classe spécifique pour préparer les recalés au cycle secondaire au lieu d'organiser une session de rattrapage et de les faire passer avec un niveau faible. L'examen de 5e est inutile, pour le président de la Fédération des parents d'élèves, Hadj Bachir Delalou. Il estime qu'il est aberrant d'organiser un examen et mobiliser des moyens extraordinaires pour faire composer des bambins sur trois matières alors qu'ils ont travaillé durant toute l'année sur 9 matières. Pour lui, il est temps d'ouvrir ce dossier et écouter les spécialistes en la matière, à savoir les pédagogues : «Nous attendons les assises nationales que compte organiser la ministre de l'Education.» Pour le président de l'Association nationale des parents d'élèves, Khaled Ahmed, il est plutôt urgent de réorganiser le cycle primaire en le rallongeant d'une année et faire passer un examen avec deux matières en plus des trois (sciences et histoire-géographie) et supprimer la session de rattrapage.