Loin d'être un satisfecit, le taux de réussite annoncé de 70% à l'examen de fin de cycle primaire (6e), est considéré par les enseignants comme un semi-échec, dû essentiellement, selon eux, à l'année scolaire sérieusement perturbée. Un taux en deçà des attentes que la deuxième session de rattrapage, prévue le 24 juin, espèrent-ils, «saura relever un tant soit peu» pour être dans «la moyenne» prédite par la tutelle. Ce n'est pas l'avis du pédagogue Ahmed Tessa, du ministère de l'Education, qui refuse de parler d'échec dans la mesure où l'examen n'est qu'un test d'évaluation. L'échec n'est pas dans les chiffres en soi, estime Messaoud Boudiba, chargé de la communication au sein du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), mais dans le système éducatif en général. Qualifiant le taux de «semi-échec», M. Boudiba considère que l'année scolaire, perturbée, a à plusieurs égards influencé sur le rendement. «L'essentiel est mis de côté», juge-t-il, admettant que «les taux montent et descendent» au gré des années. En plus des programmes chargés, explique notre interlocuteur, «depuis 3 ans, on peine à achever ces programmes, ce qui influe négativement sur le résultat en particulier et se répercute sur la scolarité en général». Par «l'essentiel», M. Boudiba évoque la situation socioprofessionnelle des enseignants, livrés à eux-mêmes, non sans rappeler que la stabilité de l'enseignant est aussi celle de l'enfant et de son cursus scolaire. «Les taux avancés ne sont pas un paramètre fiable qui donne ou non l'indication de réussite d'une année scolaire», juge de son côté Mohamed Salem Sadali, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef). «Les taux ne reflètent pas la réalité du terrain» Pour lui, qui considère que l'année scolaire déjà «hachée» a perturbé les élèves, c'est le ministère qui fait la pluie et le beau temps. «Il donne les résultats qu'il veut», estime Sadali qui regrette que ces «fluctuations», ne reflètent pas la réalité du terrain. «C'est un taux arrêté à l'avance», soupçonne-t-il. Messaoud Amraoui, chargé de la communication à l'Union nationale des professionnels de l'enseignement et de la formation (Unpef), abonde dans le même sens. Même s'il considère que le taux de réussite de la première session est «somme toute logique comparativement aux résultats finaux de l'année dernière (84%)», M. Amraoui, dans une déclaration au Temps d'Algérie, impute «ce recul» au mouvement de grève qui a marqué l'année scolaire. «Jusqu'à présent, nous n'avons pas encore les résultats dans toutes les wilayas», admet-il, insistant sur une évaluation scientifique et objective des résultats qui doit cependant se faire en collaboration avec tous les partenaires sociaux. Il insiste lui aussi sur la stabilité du secteur synonyme de réussite assurée. Le taux est cependant appelé, selon lui, à être revu à la hausse «pour combler les places pédagogiques disponibles». «Non», répond Ahmed Tessa, pédagogue au niveau du ministère de l'Education. «Il n'y a jamais eu manque de places pédagogiques», relève-t-il avant de souligner que le taux de 70% de réussite est appréciable. «L'examen n'est qu'un test d'évaluation qui prend en compte aussi la moyenne annuelle des élèves», précise-t-il. Optimiste, M. Tessa prédit : «Je parie même qu'après la session de rattrapage, le taux final dépassera celui de l'année dernière, pour peu que les séances de révision d'avant l'examen se déroulent dans de bonnes conditions et avec l'adhésion des parents.» La session de rattrapage aura lieu le 24 juin.