Après la démission de Slim Othmani, patron de la NCA Rouiba, c'est au tour d'Issad Rebrab de Cevital, il y a quelques jours, de claquer la porte. Au Forum des chefs d'entreprises, c'est la saignée. Rien ne va plus au Forum des chefs d'entreprises (FCE). Les événements s'accélèrent depuis la démission du patron de Cevital de cette organisation patronale pour un grave défaut de confiance. Issad Rebrab s'est dit victime d'une vague de calomnies et d'intox dans laquelle se sont embarqués des membres du FCE à même de le discréditer auprès des autorités du pays. Où va le FCE… Le lendemain, Slim Othmani, patron de la NCA Rouiba, démissionnaire de la même organisation à la veille de la dernière élection présidentielle, enfonce davantage le clou en parlant d'une liste noire de «patrons auxquels ont a promis de régler le compte». Il est surprenant que l'on en soit encore à ce stade de basses surenchères à l'encontre des chefs d'entreprise. A ce jeu, pour l'instant, c'est le FCE qui est le grand perdant. Suivrait ensuite Réda Hamiani, son président, auquel l'on reproche de s'être versé dans un discours versatile au sujet de la précédente élection présidentielle. Réda Hamiani a commis un impair, vendredi. Il semblerait que l'erreur est impardonnable pour le clan présidentiel. Outre la démission d'Issad Rebrab qui a eu l'effet d'un coup de tonnerre, Réda Hamiani, dans une interview publiée vendredi par El Watan, révélait ceci : la seconde assemblée générale qui devait formaliser le soutien du FCE au 4e mandat de Bouteflika «s'est tenue avec un incident dès le matin à El Aurassi quand des partisans de Bouteflika ont vu les deux urnes dans la salle. On s'est mis en aparté et ça s'est tendu. Ils ont rappelé que, selon nos statuts, l'assemblée générale est souveraine. Autrement dit : c'est à elle de décider des modalités de vote. Cette dernière décide d'un vote à main levée». Pour bon nombre de patrons, contacté hier par nos soins, Réda Hamiani n'aurait pas dû laver le linge sale de son organisation en public. Des entrepreneurs du clan présidentiel se sont rebiffés contre Réda Hamiani et ont convoqué une réunion du comité exécutif (CE) du Conseil d'orientation stratégique (COS) du FCE. Laquelle rencontre se tiendra mardi prochain et pourrait sceller définitivement le sort de Réda Hamiani à la tête du FCE, nous confient des sources de cette organisation. Un intérimaire serait déjà en train de s'échauffer sur le banc, dans l'attente de l'allégeance du clan. Ce serait, sans l'ombre d'un doute, un calife à la place du calife. Un seul dilemme se pose néanmoins : gérer la rencontre avec Ahmed Ouyahia pour le compte des consultations s'inscrivant dans le cadre de la révision constitutionnelle. Remarque naïve, il serait trop beau de penser que le clan présidentiel se soucie de la démission d'Issad Rebrab du FCE. Dans cette affaire, les patrons ayant donné leur acte d'allégeance à Bouteflika tentent de mettre à profit la démission du patron de Cevital du FCE pour préparer le solde de tout compte au président actuel de l'organisation. Réda Hamiani paie pour avoir révélé le mode opératoire par lequel le FCE a apporté son soutien au 4e mandat de Bouteflika. Pour comprendre parfaitement le jeu du pouvoir au sein des organisations de la société civile, il faut rappeler deux éléments essentiels. Tout d'abord, il cherche à élargir son influence par le biais d'hommes auxquels on attribue des privilèges en contrepartie d'une loyauté envers ses intérêts. Cette loyauté ne doit pas leur conférer une immunité de fait. Ils sont éliminés au premier impair commis. C'est ainsi que le clientélisme s'est imposé comme seule règle régissant les rapports entre agents économiques et clans du pouvoir. La rente facilite l'intermédiation et renforce le régime.