Trente ans après l'adoption du code de la famille, associations et organisations féministes continuent à dénoncer les incohérences de la loi, entre autres celle traitant des violences sexuelles. Un séminaire a été organisé, hier à Alger, par le Réseau Wassila, Media Diversity Institute et Femmes en communication, pour souligner que les textes n'évoluent pas. Fatma Oussedik, sociologue, affirme que «les femmes continuent à demander leur citoyenneté. Le chemin est long et il dure depuis la période coloniale», ajoutant que «les femmes incarnent la rupture». Fatima Miloudi, spécialiste en médecine légale, indique pour sa part que «la matérialité des faits devrait être établie par un médecin légiste». Pour maître Anissa Smati, «les violences sexuelles sont peu abordées dans les séminaires. C'est aussi un délit très peu enregistré au niveau des tribunaux. Il est perçu comme honteux. La victime culpabilise et ne dénonce pas l'agresseur». L'avocate explique que «le viol et l'agression sexuelle sont condamnés dans le code pénal, mais de façon succincte. Il n'existe pas d'éléments constitutifs pour les définir». Elle recommande «la réforme de la loi, car les agressions ne sont pas seulement physiques». Maître Fatma-Zohra Benbraham souligne de son côté que «le viol touche les femmes dans leur dignité, leur honneur et de l'intérieur. Il est le résultat d'un complexe, d'un problème psychologique». Mais elle regrette que «dans la plupart des cas, le viol reste impuni dans les sociétés, car c'est l'homme qui forge et impose le silence». Elle précise que «la violence sexuelle n'est pas obligatoirement le viol». Le Traité de Rome de 1997, explique-t-elle, «détermine le viol comme un crime contre l'humanité, car c'est une arme de guerre». Toutefois, Me Benbraham observe que «le droit algérien n'évolue pas sur cette question». Dans le même sillage, Me Benbraham fustige les propositions défendues pas des juges pour que «le violeur puisse épouser la victime sous prétexte de sauver l'honneur». «C'est un viol perpétuel», regrette l'avocate. Elle rappelle, à la fin de son intervention, que «les associations peuvent se constituer partie civile et accompagner les femmes devant les juridictions». Enfin, l'islamologue Saïd Djabelkhir estime que «la compréhension du discours religieux doit évoluer en adoptant les textes aux conditions actuelles».