Constat n Le nombre de femmes violentées en Algérie prend des proportions alarmantes, notamment chez les femmes mariées dont l'agresseur, dans la plupart des cas, n'est autre que le conjoint. Le phénomène de la violence à l'encontre des femmes en Algérie a atteint le seuil de gravité, et ce, dans les différentes formes de l'agression : physique, psychologique, sexuelle et même juridique. La sonnette d'alarme a été tirée, hier, par les représentantes du réseau national des centres d'écoute sur la violence contre les femmes en Algérie, baptisé «Balsam». Les conférencières, qui sont intervenues lors d'un séminaire consacré à ce sujet, ont révélé les premiers résultats obtenus à partir de données recueillies par leur organisation, ayant touché un échantillon «assez représentatif» de 150 cas, victimes de différentes formes de violences. L'étude fait ressortir que 65% des femmes violentées sont mariées, 23% sont célibataires, alors que 12% sont divorcées. Quant à l'agresseur, la même source indique que dans 57% des cas, c'est le conjoint. On dénote également, dans ce travail scientifique, que 77% des victimes sont des femmes qui ne travaillent pas et ayant des enfants. En ce qui concerne les caractéristiques des violences constatées, les conférencières ont indiqué que 56% de ces femmes subissent des violences physiques et 52% des violences psychologiques, selon Mme Marie-France Grangaud. Ces violences se déclinent, selon elle, en une infinité de formes : insultes, menaces, remarques dévalorisantes, chantages, accusations et interdits divers. Au sujet des violences sexuelles, la même oratrice a avancé le nombre de 65 cas (43%) causés dans les différentes formes de ce genre de violence : viol, inceste, harcèlement sexuel…Pour ce qui est de la violence juridique, la même intervenante, a parlé de 26 cas (17%) dus généralement à la difficulté de l'application des clauses de divorce, la polygamie et le divorce abusif. Ces violences ont entraîné, relèvent les représentantes du réseau «Balsam», des effets graves chez les victimes. D'après elles, les femmes violentées subissent, outre des séquelles de blessures, des traumatismes et des dépressions. Lors du débat, les différentes intervenantes (médecins, avocates, représentantes du mouvement associatif) ont tenu à dénoncer les violences enregistrées et appellent les autorités à agir. «Il y a réellement urgence à prendre en charge ces femmes», a tonné Mme Grangaud. Médecins et avocates aux femmes violentées : «Défendez-vous !» l Abordant le contexte politique et culturel du pays qui ne favorise pas, selon elles, les droits de la femme, certaines intervenantes (médecins légistes et avocates) ont conseillé aux victimes de se défendre en ripostant au harcèlement de leur conjoint. D'après ces oratrices, cette méthode s'est avérée payante, car les victimes qui ont suivi ce conseil, ont réussi à mettre fin à l'agression.