Le Comité Benchicou pour les libertés (CBL) affirme, dans une déclaration rendue publique hier, « prendre acte » de la grâce présidentielle décidée lundi au profit des journalistes condamnés pour leurs écrits. Ainsi, le CBL déclare se « réjouir de cette victoire » et rappelle qu'elle constitue l'« aboutissement » de la résistance de la presse algérienne libre et de ses partisans. Cependant, prévient le CBL, l'extinction des poursuites judiciaires contre les journalistes, pour positive qu'elle puisse paraître, demeure « très insuffisante » au regard des standards internationaux. Le CBL ajoute que la persistance d'articles de loi qui criminalisent la pratique journalistique constitue une violation flagrante de la Constitution algérienne qui consacre la liberté de presse et la liberté d'expression. Le CBL rappelle qu'il n'a pas cessé, tout au long des deux années d'incarcération de Mohamed Benchicou, d'alerter l'opinion interne et internationale sur la répression dirigée par le régime contre les journalistes par le recours inconsidéré à l'appareil judiciaire, ainsi instrumentalisé. Cette répression, la plus dure dans l'histoire de l'Algérie indépendante, s'est traduite, indique le CBL, par le harcèlement continu de plusieurs titres de la presse privée parmi les plus en vue. Les trois dernières années, ajoute-t-il, ont vu l'emprisonnement de pas moins de 7 journalistes, la condamnation d'au moins 21 autres à la prison ferme et des dizaines de condamnations à la prison avec sursis, des amendes souvent exorbitantes infligées aux journaux et aux journalistes incriminés, la liquidation du Matin sous de « faux prétextes » commerciaux. Les dérives liberticides du régime algérien, dénoncées par les grandes ONG des droits de l'homme et des journalistes dans le monde, valent chaque année à l'Algérie une rétrogradation notable dans le classement des pays respectueux de la liberté de presse et la liberté d'expression. Le CBL rappelle, par ailleurs, que Mohamed Benchicou est privé de son passeport depuis 3 ans et que son journal, disparu des kiosques en 2004, est toujours frappé d'une mesure d'interdiction qui ne dit pas son nom. Le CBL souligne que ce geste de « clémence » et de « pardon » doit être suivi de décisions durables dont la dépénalisation des délits de presse par l'abolition des articles prévoyant des peines de prison et des amendes exorbitantes pour réprimer les journalistes (l'article 144 bis s'étant révélé à l'application une arme absolue pour détruire massivement la presse). Le CBL plaide, également, pour l'adoption d'une loi qui promeut la liberté de presse et protège le journaliste dans l'exercice de son métier en remplacement de l'actuel code de l'information.