Le retour des effectifs de criquets pèlerins est attendu pour le 15 octobre, selon les prévisions de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), a indiqué hier le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Saïd Barkat, lors d'une journée d'étude sur la contribution de l'engin spatial Alsat 1 dans la lutte antiacridienne. De sérieuses inquiétudes ont été exprimées par le chef du commandement central de lutte antiacridienne, Khaled Moumène, en raison de « la situation préoccupante et catastrophique » qui prévaut dans les pays du Sahel. Car il convient de signaler que l'ampleur de l'invasion automnale dans les pays du Maghreb dépend largement de la réussite de la lutte préventive dans les pays de cette région. Or, il se trouve que cette lutte avance à un rythme très lent et avec des moyens insuffisants. En effet, malgré les efforts conjugués des différents pays concernés et malgré la solidarité africaine, seuls 250 000 ha ont été traités sur les 2,2 millions infestés. Le manque d'efficacité dans la lutte au Sahel risque de se répercuter sur le nord de l'Afrique. « Un hectare de traité en Mauritanie équivaut à 15 hectares sauvés en Algérie », a déclaré à ce propos le représentant du gouvernement. D'après Khaled Moumène, le criquet va revenir en force octobre prochain. L'appel lancé à la communauté internationale le 27 juillet dernier à Alger pour venir en aide à ces pays n'a pas eu l'effet escompté. Ainsi, selon le ministre, sur les 100 millions de dollars réclamés par la FAO, seuls 30 millions ont été mis à sa disposition, dont 15 millions n'ont pas encore été réceptionnés. Visiblement irrité par le manque de solidarité souhaitée sur la scène internationale autour de la catastrophe naturelle qui a frappé neuf pays d'Afrique, Saïd Barkat a souligné que la communauté internationale s'est montrée plus prompte à réagir et s'est mobilisée d'une manière plus importante contre d'autres fléaux, tels que le sida et le syndrome de la vache folle. Il a indiqué, néanmoins, que l'Algérie est prête à affronter le retour des essaims de criquets aussi bien en matière de matériaux qu'en produits pesticides. Des mesures ont été prises, lors du dernier Conseil de gouvernement, telles que la mobilisation de 28 aéronefs dont l'utilisation sera privilégiée durant la deuxième phase. Actuellement, 16 équipes algériennes sont à pied d'œuvre dans les pays du Sahel pour amortir l'avancée de l'insecte, dont 6 sont en Mauritanie, 6 au Mali, 3 autres au Niger et une équipe au Sénégal. Des équipes de prospection ont été d'ores et déjà envoyées dans les couloirs de passage des criquets pèlerins, dont 3 dans l'extrême Sud algérien. Dans ce contexte, l'apport de l'Agence spatiale algérienne (Asal) est important. Cette organisme oriente les équipes dans les zones où les acridiens peuvent atterrir et ce, grâce aux images satellite fournies par l'engin spatial Alsat 1, mis sur orbite en novembre 2002. Alsat 1 est sollicité aussi bien pour les besoins de la lutte en Algérie que dans les autres pays concernés par l'invasion acridienne. Pour ce faire, Asal a mis en place un système d'analyse et d'aide à la décision en s'appuyant sur la situation acridienne par phase de développement biologique, les prévisions météorologiques, les informations cartographiques ainsi que les images de Alsat 1. Jusqu'à présent, la lutte antiacridienne a coûté quelque 70 millions de dollars au gouvernement algérien.
