La reproduction des criquets est réduite mais la vigilance demeure indispensable. Il n'y a pas «d'infestations acridiennes dans les zones de reproduction acridienne traditionnelles en Mauritanie, au Maroc et en Algérie», a indiqué dernièrement la Fao. La reproduction printanière au Maghreb, particulièrement en Algérie fut très réduite à la fois grâce à des opérations de lutte extensives qui se sont prolongées durant six mois et à des conditions météorologiques inhabituellement froides. Le ministère de l'Agriculture rassure, quant à lui, que le criquet a été totalement maîtrisé dans le Sud. La surface traitée jusqu'au 13 août est de 3872 ha. Les wilayas concernées sont El Oued, Laghouat, Khenchela, Biskra et Tamanrasset avec 150 ha infestés et traités. Depuis le début de l'invasion acridienne, près de 1834.000 ha ont été traités. L'Etat a mobilisé plus de 23 milliards de dinars pour les opérations de lutte. Cette année, le mouvement des essaims de criquets pèlerins est faible comparé à celui de 2004 où près de 1,6 million d'hectares de zones infestées par le criquet ont été traités durant la campagne automnale, contre 900.000 ha traités durant la même période de l'année 2003. Même si la situation demeure jusque-là maîtrisable, la prudence reste de mise comme l'a déjà déclaré M.Saïd Barkat, ministre de l'Agriculture et du Développement rural. A cet effet, il est à rappeler les moyens matériels mobilisés dans le cadre de cette lutte. Il s'agit entre autres de 21 équipes de lutte, 30 véhicules aménagés, 21 citernes dotées de pulvérisateurs, 1847 pulvérisateurs manuels, 130 tracteurs dont 20 appartenant au secteur public, des aéronefs et des hélicoptères, ainsi que l'utilisation de 397.480 litres de pesticides. L'Algérie a même fourni des équipes de surveillance et des hélicoptères au Mali et au Niger. La FAO croit savoir, pour cette année, que le péril acridien est sur le point d'être éradiqué. Mais «il convient de poursuivre, au cours des prochains mois, les opérations antiacridiennes intensives et à grande échelle de surveillance et de lutte dans les pays de la ligne de front du Sahel, notamment le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Soudan et le Tchad», souligne la Fao. Pour l'Organisation des Nations-unies pour l'alimentation et l'agriculture, l'urgence criquets n'est pas levée, car de bonnes précipitations dans les zones de reproduction du Sahel pourraient permettre à des populations dispersées de criquets pèlerins de réussir une bonne reproduction, déclenchant de nouvelles résurgences dans certains pays. Cette vigilance est dictée, selon la FAO, par le fait que plusieurs essaims de criquets pèlerins, qui étaient restés en Guinée, en Afrique de l'Ouest, jusqu'en avril 2005, se sont déplacés graduellement à travers le Sahel, infestant le Tchad début mai, le Darfour vers la fin mai et le nord de l'Ethiopie en juin, en pondant sur leur parcours. Elle estime que la situation est toujours critique au Tchad et au Soudan occidental où une résurgence pourrait encore se développer. Ce qui donne comme résultat: «Peu de criquets sont retournés vers le Sahel en début d'été». La FAO se dit par ailleurs, prête à affronter le scénario probable d'une infestation acridienne sur 50.000 à 250.000 hectares au cours des prochains mois. Mais le scénario du pire, avec des infestations sur plus d'un million d'hectares, est à écarter. Depuis le début de la crise acridienne en octobre 2003, les bailleurs de fonds ont versé 74 millions de dollars, auxquels il faut ajouter 6 millions de dollars des ressources propres de la FAO qui a pu aider 18 pays affectés, injectant quelque 45 millions de dollars dans leurs campagnes de lutte antiacridienne. Cela a permis de traiter 13 millions d'hectares d'infestations, dont près de 3 millions dans le Sahel. La Fao rassure notamment que des avions de traitement seront déployés si la situation acridienne se détériore, ajoutant que les stocks de pesticides sont plus que «suffisants». Concernant les pesticides, la Fao a recommandé l'utilisation de produits qui ne sont pas dangereux. D'ailleurs, faut-il le rappeler, la FAO, en collaboration avec les autorités algériennes, ont utilisé récemment un nouveau pesticide non nocif pour l'environnement ni pour la végétation à El Oued, qui a donné des résultats positifs. Une équipe de chercheurs égyptiens relevant du centre de recherches agronomiques est parvenue notamment, il y a trois jours, à la découverte d'un insecticide bactériologique contre les criquets, ayant donné des résultats positifs ave aux de réussite de 100% et n'ayant aucun effet secondaire sur l'environnement et les êtres vivants.