La Société d'impression d'Alger (SIA) passe de nouveau à l'acte. Elle a suspendu l'impression de quatre nouveaux journaux pour cause de non-paiement de factures. Il s'agit des deux versions (arabophone et francophone) de Djazaïr News et des deux éditions d'El Ajwaa, également en deux langues. Le directeur de la Société d'impression d'Alger, Abdelkader Metchat, contacté par nos soins, explique que la décision est «purement commerciale». «Il n'y a rien de politique dans cette affaire. Le litige est purement commercial. Les directeurs des deux journaux ont reçu plusieurs mises en demeure. En vain», a-t-il dit. Plus que cela, le directeur de la SIA explique que «H'mida Layachi (directeur de Djazaïr News et Algérie News, ndlr) dit qu'il n'a pas d'argent. Je suis désolé pour lui, mais moi aussi j'ai des charges à payer. Plus grave encore, j'ai essayé de contacter le directeur d'El Ajwaa, on me dit qu'il est au Brésil. Ce n'est pas sérieux ! Je n'ai pas d'autre choix que de suspendre la publication de ces journaux», explique M. Metchat, qui assure que «si les responsables de ces publications veulent venir établir un échéancier, je suis prêt à les aider». L'argument est totalement rejeté par H'mida Layachi, patron de deux journaux, Djazaïr News et Algérie News. «Nous avons un échéancier pour apurer toutes nos dettes d'ici la fin de l'année en cours. Malheureusement, à quelques semaines de la présidentielle, l'ANEP et Ooredoo nous ont suspendu de manière unilatérale la publicité. Malgré cela, j'ai continué à payer mes factures jusqu'aux deux derniers mois», a-t-il dit. Le journaliste pense que l'argument est politique : «La suspension est politique. La preuve en est que l'arrêt de la publicité est intervenu juste avant la présidentielle. Le pouvoir n'a pas apprécié que le journal accompagne le mouvement associatif, notamment Barakat.» H'mida Layachi ne désespère pas de voir ses journaux paraître à nouveau. Ces journaux ne sont pas les seuls à avoir subi les foudres de l'imprimerie publique. Le journal arabophone El Fadjr n'est plus imprimé à Alger depuis plusieurs semaines déjà. Et la SIA ne semble pas vouloir en rester là. «Il y a encore 10 à 15 journaux qui ne paient pas leurs frais d'impression. Je leur ai envoyé des mises en demeure. Je serai obligé de passer à l'acte», menace Abdelkader Metchat. Interrogé sur les faveurs accordées à certains grands tirages qui ne paient pas les frais d'impression, le directeur de la SIA dément : «Tous les journaux qui ont des dettes ont accepté des échéanciers.» «Je trouve anormal que des journaux trouvent les moyens de financer des télévisions mais n'arrivent pas à payer l'imprimerie», a-t-il conclu.