Une opération maritime et terrestre menée, mercredi, sur la plage de Boutribicha (commune d'Oum Teboul, El Kala), peu connue du public car inaccessible, sauf pour les trafiquants de corail, qui en ont fait un peu leur île de la Tortue, s'est soldée par la saisie de 10 tenues de plongée avec bouteilles et compresseurs. Les gardes-côtes ont également trouvé sur place près de 2 kg de corail brut. On raconte beaucoup de choses sur cette plage qui serait un territoire conquis par les pilleurs et trafiquants de corail. C'est une place forte, gardée par des hommes armés de kalachnikovs et une place commerciale du corail et de la drogue. On parle d'un marché où les fournisseurs et les clients discutent devant la marchandise qui est exposée au vu de tous comme au souk. Les armes, s'il en est, ne sont pas portées contre les forces de sécurité, car nos interlocuteurs nous ont affirmé que les individus aperçus sur la plage ont vite détalé à l'arrivée des gardes-côtes. Ensuite, la découverte de plus en plus de tenues de plongée et de plongeurs indique que le mode de collecte du corail se transforme progressivement, passant de la dévastatrice croix de saint André, dite localement «kerkara», à une pêche plus sélective et moins ruineuse pour le milieu et la ressource. Cela pourrait également signifier que le corail est devenu plus rare et qu'il faut aller le chercher plus profond. Le décret pour la réouverture de la pêche au corail, fermée depuis 2001, est passé mercredi en Conseil des ministres. Un texte que les professionnels attendent depuis 13 ans. Tout en soulignant le courage politique d'une telle décision, ils restent cependant dubitatifs sur ses chances d'application face d'une part à l'armée des pilleurs et d'autre part au mode de répartition des concessions.