La télévision nationale tunisienne a diffusé, vendredi soir, la vidéo d'un terroriste arrêté par les forces de sécurité l Ses «aveux» accusent des Algériens d'être à la tête des maquis terroristes en Tunisie l Quels messages a-t-on voulu véhiculer à travers de telles déclarations ? Tunis De notre correspondant Il ressort des propos de Waël Boussaïdi, le terroriste tunisien arrêté le 28 juin dans la région de Jendouba (45 km des frontières algériennes), que des Algériens seraient les chefs des maquis terroristes des monts de Jendouba, Le Kef et Chaâmbi. Boussaïdi a brossé un tableau présentant les terroristes tunisiens comme étant des agents d'exécution sous les ordres des Algériens. «C'est l'Algérien Abou Ahmed qui est le chef du groupe terroriste relevant d'Al Qaîda, auquel j'ai appartenu. C'est lui qui donne les ordres et répartit les tâches parmi le groupe. La mission des Tunisiens se limite aux petites besognes comme le ramassage de bois ou l'approvisionnement en eau d'oued. Les Tunisiens sont également associés à des descentes en ville, à la recherche de nourriture. Mais lorsqu'il s'agit de décisions importantes, comme ce fut le cas suite au décès de Ragheb Hannachi, les Algériens se concertent entre eux, sans demander notre avis», a notamment raconté le terroriste, qui regrette de s'être associé à ces actions. Waël Boussaïdi justifie son ralliement au groupe par la situation instable qu'il a traversée avant sa montée au maquis. «Ma photo était affichée dans les commissariats de police avant même que j'aie rallié la montagne. Les terroristes ont exploité ma situation précaire pour m'encourager à aller avec eux», s'est-il justifié. «En venant à la montagne, tu éviteras les poursuites de la police et le harcèlement pour toi et ta famille», lui a expliqué le défunt terroriste, Ragheb Hannachi pour le décider à venir avec eux. Au-delà de la présentation des conditions difficiles au sein du maquis, le terroriste «repenti» a indiqué que les enquêteurs lui ont promis la clémence en contrepartie de sa collaboration. «Vous connaissez la date de mon arrestation et vous allez voir que je ne vais pas végéter dans les prisons», a-t-il insisté pour encourager ses disciples à se rendre. «Méthode fréquemment utilisée par les services», affirme l'expert sécuritaire Mazen Cherif. Ce dernier a toutefois pris avec des pincettes les déclarations de Boussaïdi. «Il a tout mis sur le dos des Algériens, comme si les terroristes tunisiens étaient des enfants de chœur», remarque l'expert sécuritaire, qui met également en doute la déclaration du terroriste faisant état de son ignorance de la manipulation des armes. «Ils nous ont juste montré comment démonter un kalachnikov mais nous n'avons pas installé de camp d'entraînement», a déclaré Boussaïdi dans la vidéo, ce qui ne semble pas convaincre l'expert. «Le ralliement du maquis est une phase avancée d'engagement parmi les groupes terroristes. Boussaïdi et ses disciples devraient avoir fait preuve de conviction pour que leur soit proposé de rejoindre la lutte armée», souligne l'expert. Dans la conclusion de son analyse, Mazen Cherif recommande la prudence aux enquêteurs et aux autorités afin de ne pas commettre l'erreur de libérer des criminels. «Rien ne prouve la véracité des propos de Boussaïdi et ses disciples, surtout que ces groupes ont du sang sur les mains. Ce terroriste ne s'est pas rendu, il a été arrêté. Et, puis, ses déclarations ne comportent vraiment pas de vérités pouvant aider à démasquer les terroristes. Il a plutôt enfoncé le clou aux Algériens. Donc, il faut faire attention avant toute décision les concernant», a averti l'expert. «Nous n'avons pas droit à l'erreur en rapport avec le terrorisme», a conclu Mazen Cherif.