La traque d'un groupe de djihadistes tunisiens se poursuivait hier près de la frontière algérienne sur le mont Chaâmbi, où une quinzaine d'éléments des forces de sécurité ont été blessés cette semaine par des mines. L'armée a assuré que la situation «était sous contrôle». Sur le terrain, les militaires ont dressé un périmètre de sécurité autour du mont Chaâmbi et des postes de contrôle ont été mis en place à Kasserine. Tunisie. De notre correspondant La récente confirmation officielle de la présence de grottes où se terraient des terroristes sur le mont Chaâmbi a élargi le rayon de prospection aux hauteurs du Kef, de Siliana et d'El Hamma, qui pourraient abriter d'autres caches. Des sources sur place au Kef, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière algérienne, indiquent que la présence de l'armée a été renforcée ces derniers jours, notamment sur les hauteurs de la ville. On suspecte la présence d'un maquis terroriste actif. Cette suspicion trouve son origine dans la présence de Keffois parmi les 35 terroristes arrêtés, depuis décembre 2012, dans le cadre de la traque des djihadistes. Si les terroristes ont installé un camp sur le mont Chaâmbi, du côté de Kasserine, il n'y a pas de raison pour qu'il n'y ait pas un autre camp sur les hauteurs qui présentent les mêmes caractéristiques, dont le Kef, mais aussi Siliana et les montagnes du Sud à Beni Khedech», affirme un stratège militaire qui veut garder l'anonymat. Du côté de Kasserine, les unités d'élite de l'armée tunisienne ont bouclé depuis mardi dernier toutes les issues du mont Chaâmbi, près de Kasserine et à une trentaine de kilomètres de la frontière algérienne. Elles continuent à traquer le groupe terroriste qui aurait miné plusieurs sentiers de la montagne et serait à l'origine de plusieurs accrochages, dont ceux de Rouhia en mai 2011, de Bir Ali en février 2012 et de Fériana en décembre de la même année. Lesquels accrochages ont coûté la vie au colonel de l'armée Tahar Ayari à Rouhia et à l'officier de la Garde nationale Anis Jelassi à Fériana. Les derniers incidents ont causé des blessures graves à plusieurs militaires et agents de la Sécurité nationale. Les traces des fuyards s'évanouissent toujours du côté de Chaâmbi, d'où cette mobilisation autour de cette montagne, en coordonnant l'action avec l'armée algérienne pour éviter une éventuelle escapade du côté de l'Algérie. Traque généralisée Comme pour les hauteurs de Kasserine et du Kef, l'armée, soutenue par les forces de sécurité, a renforcé sa présence du côté des hauteurs de Rouhia, près de Siliana, de Beni Khedech et d'El Hamma, dans le Sud tunisien. On ne veut plus laisser planer le doute sur la présence de maquis terroriste sur le territoire tunisien. Certaines rumeurs non vérifiées ont parlé, il y a quelques mois, d'un camp d'entraînement de djihadistes à Beni Khedech. De même, c'est à Rouhia que le colonel Ayari a été abattu par des terroristes en mai 2011. Donc l'armée et les forces de sécurité n'ont plus droit à l'erreur. Par ailleurs, des brigades citoyennes prêtent main-forte aux forces de sécurité dans cette traque. Armés de fusils de chasse et aidés par leurs chiens, des citoyens essaient d'aider à trouver les traces de ces terroristes. L'armée tunisienne n'est certes pas encore aguerrie dans la traque des terroristes, comme c'est le cas de son homologue algérienne. Mais les terroristes ne sont pas, eux aussi, en terrain conquis, surtout avec l'hostilité évidente d'une grande partie de la population. La véritable bataille contre le terrorisme a commencé en Tunisie.