De nouveaux raids aériens menés par l'armée de l'Etat hébreu ont tué trois Palestiniens dans la journée d'hier, portant à 20 le nombre de victimes ces deux derniers jours et à plus de 76 en une semaine. Une troisième intifadha, c'est à cela que beaucoup d'observateurs s'attendaient après le meurtre d'un adolescent palestinien âgé de 16 ans, Mohammed Abou Khdeir, la semaine dernière à Al Qods-Est, dans le camp de réfugiés de Chouafat. Son corps a été retrouvé calciné et ses poumons emplis de fumée. A noter que le nombre de victimes palestiniennes, depuis le début de la semaine, est déjà supérieur à celui de la seconde intifadha de 2000, durant laquelle 21 Palestiniens avaient trouvé la mort. Des sources locales palestiniennes affirment que 76 Palestiniens ont été tués depuis dimanche. Vingt personnes ont trouvé la mort dans des raids aériens dans la nuit de mercredi à jeudi derniers et trois autres dans la journée d'hier, lesquels se concentrent entièrement sur la bande de Ghaza. «C'est une catastrophe humanitaire, ici, des gens meurent toutes les cinq minutes, les gens sont affolés. Même les personnes encore en vie sont menacées, Ghaza est en état de siège, littéralement, et bientôt les denrées alimentaires et produits de base vont venir à manquer», révèle un Palestinien sur place qui requiert l'anonymat. Le réseau téléphonique semble déjà largement endommagé et les communications sont très difficiles à établir, un symbole de l'isolement dans lequel Ghaza et les Palestiniens vivent. En effet, les grandes puissances mondiales telles que la France ou les Etats-Unis n'ont pas manqué de réaffirmer leur soutien à l'entité sioniste en «condamnant fermement les attaques du Hamas», comme l'a publiquement déclaré le président français, François Hollande. Il est vrai que depuis mercredi après-midi, le Hamas multiplie les tirs de roquette depuis Ghaza en direction de Tel-Aviv. Cependant, la plupart de ces tirs s'écrasent avant d'atteindre leur destination, et le reste est dévié par le système de sécurité israélien, à tel point que seules deux roquettes ont atteint leur cible sans pour autant faire aucune victime. Impuissant Dans la bande de Ghaza, le Hamas domine la plupart des territoires sur le plan sécuritaire et il y dispose l'essentiel de son arsenal et jouit «de l'adhésion de la plupart des habitants», affirme notre source palestinienne. Et de poursuivre : «Non pas par connivence idéologique, mais plutôt parce qu'il nous fait sentir relativement en sécurité contre les attaques sionistes.» Mercredi, les officiels du Hamas ont affirmé qu'ils n'hésiteraient pas à s'attaquer à «tous les Israéliens», mais il s'agit là seulement d'une rhétorique pour ne pas laisser paraître la dure réalité qui se dessine pour les Palestiniens de Ghaza, celle d'un Hamas étouffé et impuissant face à la force de frappe et à la technologie de l'arsenal de l'Etat hébreu. Un proche de la formation islamiste palestinienne révèle : «La vérité, c'est que les chefs se rendent compte qu'ils ne peuvent pas tenir éternellement. Logistiquement, humainement, stratégiquement, nous sommes battus d'avance. Mais pour les Palestiniens, le combat doit se poursuivre, c'est leur position officielle. Dans les faits, limiter les dégâts et le nombre de victimes serait déjà une victoire.» Une tâche qui s'annonce ardue dans la mesure où les opérations militaires de l'entité sioniste devraient s'intensifier. De l'aveu du Premier ministre sioniste, Benjamin Netanyahu, «les opérations à Ghaza devraient s'intensifier et seront longues.» Déjà 70 000 hommes de l'armée de terre de l'Etat hébreu serait prêts à lancer une offensive terrestre alors «que les raids aériens se font incessants, sans discontinuité», confie un habitant sur place. Si Ghaza est attaquée par la terre, alors la troisième intifadha sera officielle. Un scénario que l'entité sioniste semble fomenter depuis le mois d'avril dernier. Union Après l'échec des négociations israélo-palestiniennes en raison d'un excès de zèle de Tel-Aviv, le président palestinien, Mahmoud Abbas, a entrepris des démarches d'adhésion de la Palestine à plusieurs traités internationaux et agences onusiennes, une mission qui a été un franc succès. L'Etat sioniste avait menacé la Palestine de «sanctions», si elle poursuivait ses «velléités indépendantistes unilatérales». Mais c'est la réconciliation entre le gouvernement palestinien et le Hamas qui a fini de consommer les relations bien entamées entre la Palestine et son occupant. Le Hamas fait désormais partie d'un gouvernement d'union nationale, un cauchemar pour l'entité sioniste, car cela signifie que la Palestine a choisi la voie de l'indépendance, une ligne «dure» par opposition à la ligne «douce» que représentait la négociation. A partir de là, il était évident que l'escalade allait se produire. Mais rares sont ceux qui auraient pu anticiper que celle-ci serait d'une telle intensité. Ce n'est toutefois pas la première fois que l'entité sioniste viole impunément le droit international et le droit de la Palestine d'avoir un gouvernement indépendamment formé, un gouvernement qu'elle s'est pourtant engagée à reconnaître «sans condition» dans le cadre des Accords d'Oslo de septembre 1993 qui consacrent «l'autogouvernement» de la Palestine.