A la faveur de la saison estivale, « aucun congé n'est accordé à nos sapeurs-pompiers pour être prêts à parer à tout sinistre », nous dit, sereinement, le chef d'unité principale de la Protection civile de la wilaya de Tizi Ouzou. « Deux colonnes mobiles, basées à Bouira et à Béjaïa et dotées d'une dizaine d'engins de lutte antifeu avec une soixantaine d'hommes, peuvent venir renforcer nos onze unités en cas de besoin », précise cet officier qui ajoute que, jusque-là, « les départs de feux enregistrés restent très minimes ». Mais, l'œil est à l'affût dans une région qui, l'été venu, finit toujours par payer un lourd tribut aux flammes. Et pour cause, Tizi Ouzou dispose de 115 000 ha de couverture forestière (48 000 ha de forêt et 67 000 ha de maquis). Soit 40% de la superficie totale de la wilaya (près de 2994 km2) avec une très forte densité de population évaluée à 400 âmes/km2. La majorité des 1450 villages existants est située en zone montagneuse, parfois même implantée en plein milieu forestier. Selon notre vis-à-vis, « le relief accidenté et montagneux de la région de Kabylie représente une difficulté supplémentaire lors de la lutte antifeu et les points de départ des incendies restent souvent inaccessibles ». Pour leur part, les responsables de la Conservation des forêts de la wilaya de Tizi Ouzou parlent d'un dispositif de lutte anti-feu amélioré pour cette année. « Nous avons acquis une douzaine de véhicules neufs, et nous comptons six brigades mobiles pour la détection des feux. Cela s'ajoute aux onze brigades existantes et dotées chacune d'une citerne de 400 à 600 l », nous dit-on. A travers le territoire de la wilaya, six postes de vigie ont été installés, à savoir R'djaouna, Aboudid, Tala Guilef, Azeffoune, Akarou et Iflissène en sus d'une quinzaine de points d'eau, d'une capacité de 50 m3 chacun, disséminés à travers la wilaya. « Par mesure préventive, les communes ont été sommées de nettoyer les décharges publiques — mises en cause souvent dans les incendies —, les alentours des villages ainsi que les chemins communaux. Mais, cela ne s'est pas fait tel que voulu », constate un responsable de la Conservation des forêts qui souligne que les tranchées antifeu ne sont pas réalisées sous les lignes électriques à haute tension. Ces précautions semblent ne pas constituer une priorité pour tout le monde, car, nous indique-t-on, même les exploitants agricoles ne réalisent pas ce type de tranchées sur les terres mitoyennes des routes. « Pour faciliter l'accès aux forêts, nous avons ouvert 120 km de pistes et des tronçons anti-feu sur 100 ha en plus d'une superficie de 250 ha débroussaillée à Yakourène », annoncent nos interlocuteurs. Lors de la mise en place du dispositif de lutte contre les incendies, ces forestiers affirment avoir insisté auprès de leurs partenaires sur « l'intégration dans le plan Orsec d'un matériel effectif et réellement mobilisable tout en exigeant que les permanences soient assurées par des personnes aptes à prendre des décisions en cas d'alerte ». Au niveau organisationnel, il est institué un comité opérationnel de wilaya sous la responsabilité du secrétaire général de la wilaya et auquel prend part la Protection civile, la Conservation des forêts, la direction des travaux publics, celle des services agricoles et Sonelgaz. Il existe aussi un comité de protection des forêts chargé de coordonner les actions et de faire le bilan au terme de la saison estivale qui s'étale du 10 juin au 31 octobre. Ce dispositif possède aussi des divisions au niveau local. Selon les observations faites par les professionnels, nombreux sont les sinistres ravageant les forêts qui naissent dans les décharges publiques, mal contrôlées et les feux des pique-niques ou lors des incinérations de détritus, lorsqu'ils ne sont pas l'œuvre de pyromanes. « Après un début de saison clément, l'appréhension se fait sentir à la troisième semaine des mois de juillet et août en raison des canicules coutumières à ces deux périodes et un regain de risque est perceptible le mois d'octobre en relation avec le calendrier agraire et les activités propres à cette période », s'accordent à dire nos vis-à-vis qui, comme les sapeurs-pompiers, comptent sur la vigilance et l'aide du citoyen pour donner le signal à la moindre étincelle.