Sempiternel sujet de débat, l'école tangue entre la performance pédagogique et l'aspect social. Prodiguer un savoir ou se contenter de contenir les jeunes pendant les heures de cours ? A Tizi Ouzou, le secteur éducatif échappe souvent au contrôle de l'encadrement pédagogique. C'est au niveau du cycle secondaire que se disputent le plus souvent le social et le pédagogique. Quand les évaluations des enseignants sont suivies d'exclusion, ce sont les interventions des parents qui se traduisent par la récupération des enfants. Et, c'est ainsi que l'APW de Tizi Ouzou, dans son rapport sur la rentrée scolaire relève « le taux abusif d'exclusion d'élèves (...) qui sont mis dehors avec des moyennes allant parfois de 9 à 9,99 ». De leur côté, les enseignants constatent que le conseil des classes, ultime étape pour l'évaluation du travail des élèves, siège uniquement pour entériner les normes de récompense et de sanction fixées par l'administration. On signale qu'avec les premiers jours de la rentrée, des instructions sont données aux proviseurs des lycées pour rabaisser la moyenne d'admission, afin de récupérer le maximum d'élèves qui n'ont d'autre choix que la rue. Les enseignants dénoncent alors des emplois du temps « démentiels » et des surcharges des classes « invraisemblables ». Classée troisième au niveau national quant au nombre d'élèves scolarisés, la wilaya de Tizi Ouzou, qui reçoit cette année 258 723 élèves tous cycles confondus, connaît toutefois un phénomène nouveau : la réduction du nombre d'élèves au niveau primaire en raison de la régression du taux de natalité. L'enseignement primaire accueille un total de 126 495 élèves encadrés par 7100 enseignants, ce qui donne une proportion de 18 élèves par classe. La tendance dans les lycées est tout à fait inverse. Les 51 établissements du secondaire accueillent plus de 49 000 lycéens encadrés par 4626 professeurs, soit une moyenne de 50 élèves par classe. Tout en contredisant l'APW, la direction de l'éducation explique cette situation par « le taux élevé d'admission aux lycées (54%) et l'arrivée de la double promotion de l'année du boycott » (1994/1995 ndlr). Cette année, 17 000 candidats scolarisés se présenteront à l'examen du bac, et ils sont 29 000 élèves à subir les épreuves du BEF. Si la direction de l'éducation s'est délivrée à elle-même un satisfecit en déclarant que « l'application stricte des directives de la tutelle (...) a permis de créer une dynamique de travail », il n'en demeure pas moins que le secteur est toujours empoisonné par divers problèmes : gestion des carrières, logements d'astreinte indûment occupés, cantines, santé et livre scolaire. Deux semaines après la rentrée, la distribution des livres est insuffisante. Au niveau du cycle primaire, le taux de satisfaction de certains titres est uniquement de 60%, au moyen il atteint les 65%, alors qu'au secondaire, il avoisine les 8%. Ce secteur qui emploie plus de 20 000 travailleurs bouillonne. Les syndicats commencent à s'agiter.