Déjà, vendredi dernier, des incidents condamnables ont eu lieu avant la grande prière et avaient opposé les partisans de l'ancien imam à son successeur désigné récemment par la direction des Affaires religieuses. L'imam appelé à d'autres fonctions n'a pas digéré cette mutation et a refusé de quitter les lieux au motif qu'un « différend personnel l'oppose au premier responsable du secteur et qu'un grand nombre de fidèles lui a témoigné son soutien ». Un groupe parmi ces derniers a effectivement manifesté son hostilité à l'égard du nouveau venu qui a été brutalisé et délogé violemment du minbar avant d'être conduit vers l'extérieur devant les présents impuissants qui n'en croyaient pas leurs yeux. La scène, selon des fidèles, s'est déroulée sous les cris « d'Allahou akbar » et sous les applaudissements des personnes favorables à « l'expédition punitive ». L'ancien imam a, dit-on, repris normalement sa place au minbar et dirigé la prière du vendredi. Un spectacle digne des années 1990 où les imams étaient pourchassés selon les humeurs des uns et le choix politique des autres. Mais pourquoi l'imam en place depuis 1989 refuse-t-il de se soumettre aux instructions de sa tutelle et de céder sa place à son remplaçant ? Est-ce pour une question de privilèges ou d'attachement aux fidèles, comme il le dit ? Le mystère reste entier. Toujours est-il que dans une correspondance adressée au wali de Chlef, le 8 juillet, l'intéressé fait savoir que la « grande mosquée de Chlef a connu, vendredi dernier, un climat de désordre et un mécontentement populaire suite à la désignation de l'imam Boualem pour présider aux destinées de cette mosquée et diriger la prière ». D'après lui, les habitués de ce lieu de culte ont refusé d'accomplir la prière sous sa direction et réclamaient son départ. Néanmoins, selon d'autres fidèles qui désapprouvent ces agissements, les incidents survenus vendredi dernier ont été le fait d'un groupe restreint qui a voulu semer la fitna et poussé les gens à changer de mosquée. Le plus grave dans cette affaire est l'absence de réaction de la direction des affaires religieuses qui laisse les choses pourrir et ne veut pas intervenir pour mettre le holà à une situation qui dure depuis une douzaine de jours. Il faut dire que le secteur est miné par des problèmes internes et une gestion controversée ayant amené le ministère de tutelle à dépêcher, récemment, une commission d'enquête dont les conclusions demeurent inconnues pour le moment.