Le pire a été évité vendredi dernier, à l'heure de la grande prière, à la mosquée du centre-ville de Chlef, lorsque l'imam, nouvellement désigné à ce poste, a été empêché par son prédécesseur de diriger la prière. La scène rappelle un triste épisode de la décennie noire, sauf que cette fois les deux hommes en conflit sont des fonctionnaires de la direction des affaires religieuses. L'imam contestataire, aidé par certains de ses partisans, a carrément délogé par la force son successeur du minbar, avant de reprendre sa place et de conduire la prière comme si de rien n'était. L'imam attaqué n'a pas réagi et a dû quitter la mosquée devant des fidèles indignés par la tournure prise par les événements. En signe de protestation, certains d'entre eux ont suivi l'imam pourchassé pour aller accomplir la prière dans une autre mosquée de la ville. La direction des affaires religieuses observe un silence sur l'affaire qui trouve son origine dans le refus de l'ancien imam de quitter son poste pour des raisons inexpliquées. Le responsable en charge du dossier au niveau de la même direction nous indiquait récemment que le changement opéré dans ce sens vise à doter la grande mosquée d'un « imam compétent, habilité à diriger une mosquée de cette dimension ». Or, depuis sa désignation à ce poste, il y a une dizaine de jours, ce dernier n'a pu exercer normalement et officiellement ses fonctions. L'administration, pour des raisons inavouées, a du mal à faire appliquer une décision d'une direction de l'exécutif de wilaya. A moins, bien sûr, que l'imam touché a de solides appuis au niveau local et peut se permettre des choses en violation des lois de la République.