Des dizaines de propriétaires de terrain expropriés dans les deux communes d'Ahnif et Ath Mansour, sises respectivement à 40 et 45 km à l'est de Bouira, se sont rassemblés mercredi sur les hauteurs d'Ahnif pour bloquer les travaux du projet de la pénétrante reliant la wilaya de Béjaïa à l'autoroute Est-Ouest. Grâce à leur mobilisation, les protestataires ont contraint les deux entreprises réalisatrices du projet à retirer leurs engins, laissant derrière elles des dégâts dans les oliveraies. Des centaines d'arbres ont été déracinés et des propriétés terrassées, et ce, sans l'aval de leurs propriétaires qui n'ont pas signé les décisions d'expropriation. «Les travaux lancés sont illégaux, un coup de force. Nous n'accepterons jamais le fait accompli ni les menaces verbales. Nous avons décidé à l'unanimité de ne plus retirer les décisions ni les arrêtés d'expropriation, et de nous opposer aux travaux des entreprises retenues pour le projet de la pénétrante de l'autoroute Est-Ouest au niveau de nos deux communes», diront les protestataires sur les lieux. La principale revendication des contestataires est la réévaluation du prix du mètre carré de leurs terrains expropriés. «290 DA le mètre carré est une insulte pour nous. Nous ne sommes pas contre le projet de la pénétrante, nous demandons notre droit, c'est-à-dire une évaluation juste et équitable de nos terrains en appliquant la loi», expliquent-ils. Preuve à l'appui, les contestataires énumèrent une panoplie de lois. «Ils n'ont pas respecté la loi, notamment le décret exécutif n°93-186 du 27 juillet 1993 déterminant les modalités d'application de la loi n°91-11 fixant les règles relatives à l'expropriation pour cause d'utilité publique.» Plusieurs requêtes ont été adressées aux différents responsables de la wilaya de Bouira, à leur tête le wali, le directeur de l'Agence nationale des autoroutes (ANA), le Premier ministre, le ministre des Travaux publics et autres, sans que cela ne donne de résultat. Les propriétaires des terrains expropriés ont décidé d'engager un huissier pour constatation des dégâts pour entamer une action en justice.