Les expropriés n'ont de cesse de réclamer la revalorisation des prix. Les terres agricoles semblent avoir peu de valeur aux yeux des responsables locaux à Bouira. Outre l'implantation des projets sur des terrains fertiles en brandissant l'argument de l'utilité publique, les citoyens se voient exproprier en contrepartie d'une somme modique. Ce qui ne cesse de susciter la colère des populations locales qui continuent de refuser de céder à un dinar symbolique le mètre carré. La procédure d'expropriation se fait souvent à l'insu des propriétaires. La dernière affaire qui a fait couler beaucoup d'encre est le projet d'extension de la zone industrielle de Sidi Khaled, commune de Oued El Berdi. Juillet dernier, les autorités locales ont fait venir la force publique pour récupérer les terrains et commencer les travaux d'aménagement de la ZI. 154 hectares d'une ferme agricole ont été extraits. L'arrêté d'expropriation de ces 154 hectares a été délivré en 1983. Pour les indemnisations, les propriétaires affirment n'avoir reçu que des sommes qui ne reflètent pas la valeur de leurs terres. D'ailleurs, ces derniers, dont la quasi totalité d'entre eux n'a pas voulu percevoir l'argent, se sont opposés à cette expropriation depuis 1983. «Tout a été fait de manière injuste et à l'insu des propriétaires», affirme un représentant de la famille Merzouki, propriétaire de la ferme depuis plusieurs décennies. «Nous demandons la restitution de nos terres agricoles. On cherche par tous les moyens d'avoir ce qui nous revient de droit», ajoute-t-il. Les propriétaires disent n'avoir pas compris l'urgence de mettre en exécution un arrêté d'expropriation qui date de trente années. «Les lois qui protègent les terres agricoles sont piétinées. Il n'y a aucune urgence pour brader des terres de haute valeur agricole. Si nous sommes expropriés selon la loi, qu'ils nous indemnisent de manière équitable. Arrêtons le massacre», a poursuivi M. Merzouki qui réclame la restitution de leurs terres. «La famille Merzouki ne lâchera pas cette affaire. Nous implorons les ministres de l'Agriculture depuis trente ans et nous n'avons pas reçu de réponse», a-t-il regretté. Le propriétaire lance un défi aux responsables locaux de présenter un bilan positif de cette zone industrielle depuis sa création. Le projet, qui devait être implanté dans cette zone industrielle qui est un complexe pneumatique de Sonatrach, n'a pas été réalisé. Les pouvoirs publics avaient décidé d'y installer plusieurs fabriques, mais qui n'ont pas tardé à mettre la clé sous le paillasson à l'exception de l'entreprise nationale des gaz industriels qui est devenue par la suite Linde Gaz. Plusieurs hangars étaient affectés à l'ANP. L'objectif qui était, selon les propriétaires, de booster le marché du travail dans la région et de donner un souffle à l'industrie nationale n'a pas été réalisé. Toutefois, c'est la production agricole abondante de ces terres fertiles, céréales, vigne de table, oliveraies (300 oliviers), arbres fruitiers (800 arbres), etc., qui a été compromise. En début de cette semaine, plus de 200 oliviers datant d'une trentaine d'années ont été déracinés. D'autres expropriés demandent une indemnisation équitable. «Je ne suis pas contre les projets d'utilité publique, mais je veux que l'Etat m'indemnise en conséquence», souligne M. Diaf. L'autre cas d'expropriation «injuste» a eu lieu dans la commune de Bechloul. Une superficie de 30 hectares a été choisie pour accueillir la station-service de Naftal au profit des usagers de l'autoroute Est-Ouest. Les propriétaires ignoraient tout de l'opération jusqu'au jour où ils ont reçu les arrêtés d'expropriation. Le prix fixé par les services des Domaines était de 230 DA/ le mètre carré. Plusieurs mouvements de protestation ont eu lieu pour faire valoir leurs droits. En vain. Le projet en question a bel et bien été lancé.