Les citoyens dont des terres ont été expropriées affirment qu'ils ne sont pas contre la réalisation de ces projets d'utilité publique. Ils veulent être rétablis dans leurs droits. Les propriétaires des terres d'Ath Mansour et d'Ahnif, deux communes situées à l'est de Bouira, concernés par l'expropriation au profit du projet de la pénétrante autoroutière reliant la ville de Bejaïa à l'autoroute est-ouest rejettent catégoriquement le prix du mètre carré fixé par les services des domaines. Ce prix (200 à 350 DA) est loin de compenser le préjudice causé, affirment les propriétaires qui revendiquent une indemnisation de 3000 à 4000 DA /m2. Dans une requête adressée au Premier ministre et signée par plus de 170 propriétaires, les expropriés réclament une indemnisation juste et équitable. «Nous appréhendons le prix en question comme étant un affront voire un opprobre au moment où nous avons pris connaissance que le prix de nos terres est égal au prix d'un kilo d'haricot sec. Est-ce vraiment, Monsieur le Premier ministre, c'est tout ce que valent nos terres pour lesquelles nos valeureux martyrs ont sacrifié leur vie pour les arracher aux griffes du colonisateur?», écrivent-ils dans leur requête. Les expropriés dont des terrains, des oliviers et même des maisons seront touchés par le passage de cette pénétrante autoroutière affirment qu'ils ne sont pas contre ce projet mais si les pouvoirs publics ne prennent pas en charge leurs revendications, ils seront dans l'obligation de s'opposer au démarrage des travaux. Ainsi, les signataires du document ont invité les services des domaines de Bouira à s'informer auprès de l'administration fiscale quant aux déclarations des particuliers sur le prix de vente du mètre carré dans la région. «Selon toute vraisemblance, tout le processus d'expropriation en son aspect évaluation s'est fait aux antipodes des lois en la matière», lit-on dans la même requête. Il faut souligner que cette situation a fait que les travaux du tronçon autoroutier qui relie la ville de Bejaïa à l'autoroute est-ouest sur une distance de 100 km, (86 km pour Bejaïa et 14 pour Bouira) n'ont pas été entamés à ce jour. Par ailleurs, les expropriés terriens du projet de dédoublement de la voie de la RN 33, dans la commune de Haizer, crient eux aussi à l'injustice. Ils s'estiment «arnaqués» par la direction des domaines qui, au lieu d'évaluer le prix du mètre carré de leurs terres en référence à une nomenclature actualisée, a usé d'une vieille loi qui continue à fixer les indemnisations selon des prix d'une époque bien révolue. Le prix du mètre carré figurant sur la correspondance envoyée par la direction des domaines à chacun des expropriés est de 600 DA. Cette évaluation relève, selon M. Daâbouz, porte parole du collectif des expropriés, du vol déguisé et d'un abus de loi assumé. «Alors que nous nous attendions au moins à une évaluation de 7000 à 8000 DA pour le m² sachant que le même mètre carré fait entre 24000 et 26000 DA à Haizer, voilà qu'ils nous imposent cette indemnisation modique», dit-il. «Nous étions compréhensifs et nous avions pu contenir notre colère et opposition face au projet, des lors que nous avons compris qu'il s'agit de l'intérêt public. Mais, eux au lieu de nous être reconnaissants et nous rétablir dans nos droits, ils nous ont tourné le dos et nous demandent de nous plaindre ailleurs si nous avons quelque chose à faire valoir», se désole-t-il. Ainsi, la justice en laquelle ils avaient mis tant d'espoir, rajoute notre interlocuteur, pour trancher en leur faveur, les avaient «déçus» dernièrement, en confirmant les mêmes décisions. Le collectif des expropriés compte saisir prochainement le ministre de la justice afin de les rétablir dans leurs droits, faute de quoi une action de rue sera engagée dans les jours à venir, menacent-ils.