C'est toujours l'enfer pour les Palestiniens. La bande de Ghaza était toujours soumise au feu israélien, 24 heures après qu'une illusion de cessez-le-feu eut volé en éclats. Dans la seule journée d'hier, au moins 57 civiles désarmés ont été massacrés de sang-froid rien que dans les environs de Rafah. Depuis l'échec du cessez-le-feu, au moins 114 personnes ont péri dans le secteur, a indiqué Ashraf Al Qodra, porte-parole des secours palestiniens. Quinze des victimes, dont cinq enfants de 3 à 12 ans, appartenaient à la même famille. Des centaines de maisons ont été détruites. La lâche agression en cours contre Ghaza, un territoire densément peuplé, ravagé et asphyxié, a déjà coûté la vie à 1654 Palestiniens, majoritairement des civils. Les enfants représentent 30% des victimes civiles. L'attaque israélienne a également provoqué des milliers de déplacés. Selon l'ONU, 280 000 personnes sont hébergées dans ses centres et ceux des autorités locales, soit 15% de la population. Avec ceux qui ont trouvé refuge chez des proches, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime à 400 000 le nombre de déplacés. Comme si 1,85 million de New-Yorkais ou 500 000 Parisiens avaient dû quitter leurs domiciles. L'ampleur des dommages et des besoins est aussi énorme. Des soins psychologiques seront nécessaires pour 326 000 mineurs (Unicef). Des milliers d'engins non explosés jonchent la bande de Ghaza (ONU). Dix des 32 hôpitaux sont fermés, onze sont endommagés (OMS). Les logements de 9815 familles (environ 58 900 personnes) ont été complètement détruits (ONU). Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) évalue ses besoins à plus de 390 millions de dollars, dont 43% sont jusqu'à présent couverts par les donateurs, selon un bilan établi le 28 juillet. L'OMS estime que les fonds dont elle dispose représentent 6% de ses besoins. Malgré tous ces chiffres effrayants, la communauté internationale et l'ONU se taisent toujours. Israël tue en toute impunité. Le droit international est foulé aux pieds. Les environs de Rafah en particulier ont subi un déluge de feu après la disparition, vendredi matin, du sous-lieutenant israélien Hadar Goldin. Selon l'armée israélienne, le soldat de 23 ans a probablement été capturé vendredi matin. Pour Israël, la capture d'un de ses soldats est le «casus belli». Tout en disant ignorer son sort, elle ne parle pas formellement d'enlèvement puisque «personne ne l'a revendiqué», selon son porte-parole. Israël a perdu 63 soldats, ses plus lourdes pertes depuis sa guerre contre le Hezbollah libanais en 2006. La branche militaire du Hamas, les brigades Ezzedine El Qassam, a assuré ne pas disposer d'informations sur le soldat, tout en revendiquant l'implication de ses combattants dans l'embuscade qui aurait mené à sa capture. Pour elle, le soldat a peut-être été tué en même temps que des combattants palestiniens. La rupture de la trêve de vendredi et la disparition du soldat israélien ont compliqué la recherche d'un cessez-le-feu. Une délégation palestinienne, composée de représentants du Hamas, de son allié le Jihad islamique et du Fatah, était attendue hier soir au Caire pour tenter d'obtenir un cessez-le-feu. Ces discussions prévues avec des médiateurs égyptiens et associant les Américains étaient programmées vendredi à la faveur de la trêve annoncée. Elles ont été différées avec l'histoire du soldat israélien. Mais selon la presse israélienne, le cabinet israélien a décidé de ne pas envoyer de délégation au Caire, refusant maintenant de traiter même indirectement avec le mouvement Hamas. Israël a visiblement trouvé là une nouvelle excuse pour casser du Palestinien. La boucherie risque de se poursuivre, d'autant que le président américain, Barack Obama, dont le pays est le principal allié d'Israël, et le secrétaire général de l'ONU ont eux aussi clairement remis en question la crédibilité du Hamas, qu'il ait ou non commandité la capture de Goldin. Autre indication qui montre que les hostilités vont se poursuivre : le Congrès américain a approuvé vendredi le versement en urgence de 225 millions de dollars pour réapprovisionner Israël en missiles. D'autres crimes de Palestiniens se préparent.