Suite au cessez-le-feu obtenu mardi, Le Caire a la difficile mission de concilier les exigences des deux parties. Israël et le Hamas campent sur leurs positions. Les autorités égyptiennes ont entamé leur difficile médiation entre Palestiniens et Israéliens. Elles ont commencé hier par relayer auprès des négociateurs palestiniens les exigences des Israéliens dans le cadre de pourparlers en vue d'une trêve durable à Ghaza, au-delà du cessez-le-feu de 72 heures obtenu, mardi, par Le Caire et Washington. Ces tractations qui se déroulent dans la capitale égyptienne interviennent à la suite d'une agression militaire israélienne aveugle et massive contre l'enclave palestinienne qui coûté la vie à des centaines de civils désarmés. Il faudra certainement du temps à l'Egypte avant de parvenir à rapprocher les positions des deux parties tant leurs exigences semblent actuellement difficiles à concilier. La raison ? Israël a, d'emblée, verrouillé les débats en réclamant que le Hamas et les autres groupes armés déposent les armes. Le chef du gouvernement israélien, Benyamin Netanyahu, a exigé par ailleurs qu'un contrôle très strict soit imposé sur tout ce qui entre à Ghaza. Autre facteur de blocage et non des moindres puisqu'il participe de toute évidence à la division des Palestiniens, le cabinet de Netanyahu rechigne à ce qu'un rôle soit dévolu à M. Abbas à Ghaza, dans la mesure où il a rompu ses relations avec lui à la suite de la réconciliation de ce dernier avec le Hamas. Il s'agit là, en gros, de la condition de Tel-Aviv à un feu vert à la reconstruction dans l'enclave palestinienne qui vient d'être dévastée par son armée. Ainsi qu'il fallait s'y attendre, les mouvements palestiniens de résistance ont rejeté en bloc les exigences israéliennes, d'autant que rien ne les prémunit pour le moment contre de nouvelles agressions. De leur côté, les Palestiniens ne réclament rien d'autre que la fin de huit années d'un blocus israélien qui asphyxie la minuscule et pauvre enclave et ses 1,8 million d'habitants, la libération de prisonniers et l'ouverture d'un aéroport opérationnel à Ghaza. Le président Abbas réclame, en outre, la réouverture du point de passage de Rafah vers l'Egypte, le seul qu'Israël ne contrôle pas. Il faut savoir que la bande de Ghaza n'est reliée au monde extérieur que par trois points de passage : Rafah avec l'Egypte au sud, Erez au nord et Kerem Shalom au sud avec Israël, respectivement pour les personnes et les marchandises. Or, l'Egypte maintient le passage de Rafah fermé presque en permanence depuis la destitution, il y a un an, du président Mohamed Morsi, membre des Frères musulmans dont est issu aussi le Hamas palestinien. Cette fermeture a eu pour effet de plonger l'enclave palestinienne dans une extrême pauvreté, Ghaza étant restée pendant tout ce temps coupée du monde. Des positions éloignées Malgré tous ces écueils, de nombreux observateurs se montrent optimistes sur l'issue de ces négociations à la condition que la communauté internationale s'implique sérieusement dans le règlement du conflit palestino-israélien et évite, comme elle a eu souvent à le faire, de se ranger du côté israélien. Il est à rappeler que même l'Organisation des Nations Unies a, ces dernières années, tourné le dos aux Palestiniens malgré les nombreuses atrocités commises par les Israéliens et la poursuite de la construction de nouvelles colonies sur les territoires palestiniens occupés. Pour contourner, justement, le désintérêt du Conseil de sécurité à l'égard du devenir des Palestiniens, l'Assemblée générale des Nations Unies devait se réunir hier pour débattre de la situation dans les territoires palestiniens occupés. Cette réunion a été convoquée à la demande du groupe des pays arabes à l'ONU, à l'initiative de l'Algérie, en vue de mobiliser la communauté internationale afin qu'elle mette fin aux agressions israéliennes. Au cours de la réunion, des comptes rendus de plusieurs hauts responsables des Nations Unies, dont Navi Pillay, la Haut-Commissaire aux droits de l'homme, Pierre Krhenbühl, chef de l'agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA), et Robert Serry, le coordinateur de l'ONU pour le processus de paix au Proche-Orient, devaient être présentés aux 193 membres de l'Assemblée générale. Face au bain de sang commis par Israël à Ghaza, le ministre palestinien des Affaires étrangères, Ryad Al Malki, a réitéré pour sa part, à La Haye, la volonté palestinienne de voir des responsables israéliens poursuivis devant la Cour pénale internationale (CPI). «Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour traîner en justice les responsables de crimes de guerre et crimes contre l'humanité», a-t-il insisté, accusant les Israéliens «d'atrocités». Les meurtriers à la CPI L'attaque israélienne contre la population de la bande de Ghaza a duré, rappelle-t-on, près d'un mois et a fait 1875 morts parmi lesquels on dénombre 430 enfants et 243 femmes. Côté israélien, 64 soldats et trois civils ont péri. A la faveur de l'accalmie que Ghaza a retrouvée mardi, les secours ont pu accéder à des zones bloquées par les bombardements, où ils ont commencé à découvrir de nouveaux corps, alourdissant un bilan humain déjà effroyable. La situation humanitaire et économique dans l'enclave palestinienne est catastrophique. Le chef de l'agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) a indiqué avoir besoin de 187 millions de dollars pour venir en aide aux 250 000 personnes déplacées. Ghaza souffre, en outre, d'une pénurie d'eau chronique et d'importants problèmes d'approvisionnement en électricité. L'agression israélienne a causé également, selon aussi le vice-ministre palestinien de l'Economie, Tayssir Amro, entre 4 et 6 milliards de dollars de dégâts au minimum. Autant dire que Ghaza a été rasée.