« Où se trouvent les Arabes ? Qui sont-ils ? D'où viennent-ils ? Existent-ils vraiment ? Ou bien le mot ‘‘arabe'' n'est-il qu'un concept générique, tellement vaste, tellement vague qu'il ne veut plus rien dire ? » C'est un peu de ces questions et de beaucoup d'autres qu'a démarré Benatia Abderrahmane pour écrire son livre, Histoire d'une langue universelle, l'arabe. L'objectif en est de remonter aussi loin que possible dans le temps, pour chercher les origines de cette langue et de ceux qui l'ont parlée, probablement vers l'époque de Noé, « voire même aux origines de l'homme », précise l'auteur en se basant sur la thèse de E. Renan. Pour ce dernier, l'arabe était la langue que parlait Adam et qu'« elle était remontée au Ciel à une période post-diluvienne pour ne pas se trouver en contact avec les successeurs de la communauté noachique et leur paganisme ». A travers des recherches sémantiques et sur la Bible et sur le Coran — les documents historiques pour cette haute époque faisant défaut, précise l'auteur dans l'introduction de son ouvrage — Benatia Abderrahmane parle de langues arabiques en désignant celles dénommées par les auteurs européens langues sémitiques ou chamito-sémitiques. « Ces derniers ont utilisé deux groupes pour classer les langues arabiques : le groupe des langues sémitiques (dont l'arabe, le babylonien, l'araméen) et celui des langues chamitiques (avec l'akadien, l'égyptien, l'éthiopien, le sud-arabique, le phénicien, le libyco-berbère…) », explique-t-il. Arabiques, entre autres, parce qu'elles sont toutes apparentées entre elles morphologiquement et lexicalement, que l'arabe est la langue-mère. donc, les ancêtres de ces diverses populations formaient un seul peuple dans un lointain passé et vivaient dans la même aire. Aussi, l'arabe du Coran a-t-il définitivement fixé la morphologie et la syntaxe de la langue, ce qui imprime à cette dénomination un critère scientifique et lui donne un caractère permanent. Avec ces arguments et beaucoup d'autres, l'auteur arrive à des conclusions très intéressantes, dont celle qui démontre que plusieurs populations européennes pré-indo-européennes parlaient des langues arabiques. Mais au passage, Benatia Abderrahmane va s'attarder, entre autres, sur la sociologie des arabes contemporains et des arabes de l'époque antéislamique, les langues des annonciateurs — l'auteur précise au début de son ouvrage qu'il usera du terme Annonciateur plutôt que prophète « terme qui rend mieux le mot Nabî ». L'auteur, médecin à la retraite, en est à son huitième ouvrage. Ses recherches sont principalement axées sur les arabes et constituent une véritable manne d'informations. Son leitmotiv serait « réécrire l'histoire de manière plus objective », parce qu'« on fait dire à l'histoire ce que l'on veut et que les événements historiques sont transformés au gré des idées et des gens ».