Quand s'ouvrent les portes de l'enfer », « Pour quel Liban militer ? », « Israël impose un quasi-blocus au Liban où il veut éliminer le Hezbollah », « Israël impose au Liban un blocus maritime et aérien », « Embrasement au Proche-Orient ». Des titres des journaux libanais parus hier. Tous les médias libanais retracent depuis deux jours la chronologie des événements, en analysant chaque fait et en condamnant et dénonçant l'agression israélienne, première du genre depuis 1996. L'offensive israélienne rappelle le journal arabophone Es-safir a été lancée le 12 juillet dernier après une attaque du Hezbollah à la frontière et qui s'est soldée par la capture de deux soldats israéliens. Plus critique envers les deux parties, le quotidien francophone L'Orient - le jour a brossé un tableau noir de la situation qui prévaut au Liban. Il se désole de voir des dizaines de vies humaines disparaître, alors que les Libanais sont supposés avoir compris, au lendemain de trente ans de guerre, qu'aucune cause ni aucun combat n'est plus important que le droit à la vie. Des pertes énormes ont été enregistrées, écrit le journal, signalant que c'est à la population civile que reviendra la tâche ingrate de rebâtir, encore une fois, ce qui aura été détruit. « Voilà de prime abord ce que nous coûtera déjà, au bout de 48 heures seulement, l'aventurisme de Hassan Nasrallah et l'on peut d'ores et déjà présumer que la facture sera bien plus chère encore », note le journal qui précise que c'est la machine de guerre israélienne qui s'acharne sur le Liban. Le journal regrette la démarche du Hezbollah qui a servi sur un plateau d'or le prétexte qui lui servira à mettre en branle ses rêves les plus fous. Eviter « le séisme politique » « Le Hezbollah est tombé dans le piège à travers l'opération de mercredi en voulant encore une fois prouver qu'il détient un pouvoir impérial de vie ou de mort sur le Liban, ses habitants, ses institutions... », lit-on. Pour sa part, le quotidien arabophone An-Nahar s'est dit rassuré de voir que le gouvernement libanais a réaffirmé, lors de la réunion du conseil des ministres, son droit et son devoir d'étendre son autorité sur l'ensemble du territoire libanais. Le journal a relevé l'existence de divergences entre les membres du gouvernement quant à l'implication de celui-ci dans la crise actuelle déclenchée par le Hezbollah. « À la veille de la réunion aujourd'hui du Conseil de sécurité et de l'arrivée, entre samedi et dimanche, d'une mission de haut niveau de l'ONU dans la région, le gouvernement a trouvé le moyen de lancer à la communauté internationale le bon signal et d'éviter un véritable ‘'séisme politique'', voire ‘'une cassure'' en bonne et due forme, en étalant aux yeux des Libanais et du monde entier les divergences de ses membres », rapportent certains journaux. Songeant à la communauté internationale, le gouvernement, de l'avis du journal An-Nahar, a affirmé vouloir assumer sa responsabilité dans la protection de la patrie et des Libanais, dans la sauvegarde de leur sécurité et de leur intégrité physique, ainsi que d'« exercer sa souveraineté et prendre les décisions nationales à l'intérieur comme à l'extérieur de ses frontières ». Par ailleurs, l'ensemble des journaux a publié le communiqué du gouvernement qui condamne l'agression israélienne, salue la mémoire des martyrs et la résistance des Libanais. Le gouvernement réaffirme l'engagement du Liban au respect des résolutions de la légalité internationale et son attachement à son indépendance et à l'unité de son territoire. Le gouvernement libanais exhorte le Conseil de sécurité à ordonner un cessez-le-feu immédiat et général. En outre, le journal An-Nahar a rapporté que le ministre des Affaires étrangères israélien avait déclaré que l'armée israélienne envisage de déployer toute son artillerie et d'user de tous ses moyens pour affaiblir et casser le Hezbollah et qu'elle bombardera tous les endroits où se réfugient les militants du Hezbollah. Le plus grave, estime ce journal, est la menace d'Israël de bombarder toute les régions du Sud et a appelé à cet effet, les habitants à évacuer la région... De son côté, le journal As-safir révélera que lors des discussions au sein du Conseil des ministres, le gouvernement affirmait n'avoir pas été tenu au courant de ce qui s'est passé au Sud, prenant ses distances à l'égard de l'attaque menée par le Hezbollah. Par la suite et après des heures de débat, le gouvernement a décidé d'engager sa responsabilité. Dans ce même contexte, le quotidien Le Jour rappellera que, depuis des mois, de nombreux hommes politiques s'égosillaient à dire que seul le gouvernement de l'Etat libanais pouvait décider de la guerre et de la paix. Pas le Hezbollah. En réalité, certaines personnes, selon le journal, n'ont pas admis qu'une partie prenne le pays en otage.