Les prix du pétrole ont dépassé hier la barre des 78 dollars le baril. Durant les échanges électroniques sur le marché londonien où il est coté, le Brent a atteint un nouveau record historique de 78,03 dollars, rapportent les agences de presse. Selon les estimations des experts, « le marché envisage déjà de nouveaux records au-dessus de 80 dollars », compte tenu de « la dégradation de la situation géopolitique mondiale et de la précarité de l'équilibre entre l'offre et la demande ». Cette dernière hausse des cours a commencé jeudi dernier avec la nouvelle de l'offensive israélienne au Liban. Les deux protagonistes de cette crise ne sont pas des producteurs de pétrole, mais « l'hypothèse d'une guerre ouverte fait craindre pour l'équilibre de la région », estiment les analystes. Ces derniers affirment que « les prix du brut sont particulièrement sensibles aux tensions au Moyen-Orient, une région qui compte pour 20% de la production mondiale de brut et tout ce qui se passe dans cette région touche au pétrole ». Ce dernier facteur s'ajoute à une longue liste de troubles géopolitiques : l'Iran continue de réclamer son droit de développer son programme nucléaire, l'industrie pétrolière au Nigeria est sous la menace constante de sabotages d'infrastructures et d'enlèvements d'employés, la Corée du Nord défie ses voisins et les Etats-Unis en procédant à des essais de missiles, et l'Irak est toujours en proie aux attentats. Sur le marché de la demande, « l'industrie chinoise continue d'exiger du brut pour entretenir sa croissance qui tutoie les deux chiffres », font remarquer les experts qui affirment en plus que « la demande d'essence américaine est à son pic saisonnier ». Dans un tel contexte de hausse, les 80 dollars pourraient d'ailleurs n'être qu'une étape. « Il est temps de comprendre que des prix à trois chiffres (en dollars) ne sont plus un fantasme, mais bien une possibilité concrète », soutiennent encore les mêmes experts. Il y a lieu de noter par ailleurs que l'énergie sera l'un des thèmes principaux du sommet du G8 qui se tient à partir d'aujourd'hui à Saint Pétersbourg. Le rôle de la Russie comme fournisseur d'énergie sera notamment au centre des discussions, et « les tensions ne pourront pas ne pas être abordées ». Le gouvernement allemand espère du sommet du G8 « un signal envers les marchés et peut-être une détente du prix du pétrole », ont indiqué hier des sources gouvernementales allemandes. Concrètement, les Européens, qui importent un quart de leur gaz et 18% de leur pétrole de Russie, demandent à Moscou de « relâcher son emprise en ouvrant son monopole sur le transport du gaz à la concurrence et en facilitant les investissements étrangers dans son secteur énergétique ». La Russie demande en contrepartie aux Européens « davantage de garantie d'achats à long terme ». Elle veut aussi que sa compagnie nationale Gazprom « puisse prendre pied sur les marchés gaziers du vieux continent pour pouvoir y vendre directement ses produits ».