Bien que des lois, relatives à la valorisation et la protection des forêts aient été promulguées, la subéraie de la wilaya de Tizi Ouzou subit des dégradations incommensurables. Ces lois sont souvent bien peu appliquées ou, au pire, les réfractaires, qualifiés de délinquants par l'administration en charge du secteur, savent s'y soustraire. Dans la forêt d'Ath Ghobri (Azazga), pour ne citer que celle-ci, le pillage du liège est devenu monnaie courante à chaque saison estivale, période de récolte. « En l'absence de gardes champêtres dans la forêt, probablement due à la conjoncture actuelle de sécurité, les pilleurs ont trouvé terrain vierge pour commettre librement leur forfait. Des centaines de quintaux de liège pillé sont, ainsi, acheminés chaque semaine vers des unités de transformations du pays sans qu'on daigne lever le petit doigt. Dans des camions de grand tonnage, ils effectuent le chargement à la faveur de la nuit en enfouissant le liège sous des bottes de foin. Certains, le transportent carrément dans des camions frigorifiques », se lamente L. Seddiki, président d'une association écologique de la région, non sans signaler que « d'ici à 6 ans on entendra plus parler de ce trésor naturel ». Pour sa part, M. Si Tayeb, membre de ladite association, nous dira que nombreux sont ceux qui s'adonnent à cette activité en raison de son aspect juteux. Mais, « il importe d'évaluer à la fois les gains et les préjudices occasionnés à la forêt de chêne-liège. Car, au moment du démasclage, si l'on atteint la couche productrice du tan, le chêne sera à la merci d'innombrables parasites pouvant compromettre la prochaine récolte. Nous avons dénoncé ces pratiques à plusieurs reprises. Mais, le problème ne pourra être résolu en agissant sur un seul front », nous dit-il. Il estime que « les espaces subéreux sont, jusque-là, exploités sans norme aucune. Outre l'exploitation excessive du chêne-liège, les démascleurs, sans scrupule, ne respectent que rarement les procédés de récolte. Ce qui fait régresser davantage encore la production ». Pour atténuer un tant soit peu se phénomène et protéger la forêt, il faut tout d'abord inciter le riverain à la politique sylvicole et convaincre les opérateurs publics ou privés à investir rationnellement dans la filière liège en vue de pérenniser la ressource qui constitue une matière essentielle dans beaucoup d'industries. Néanmoins, « c'est à l'administration forestière de fournir de plus d'efforts afin d'assurer une meilleure gestion du patrimoine », souligne-t-on. Par ailleurs, l'accumulation de matériaux inflammables dans la subéraie ne laisse personne indifférent, notamment en cette période de chaleur où le risque d'incendie est beaucoup plus ressenti. Pour y faire face, « il faut, d'ores et déjà, mettre en œuvre un programme de prévention. Lequel peut être d'un apport non négligeable sachant que le chêne-liège est l'espèce la plus exposée aux flammes, le fait qu'elle favorise la prolifération d'une grande diversité de broussaille facilitant le déclenchement des incendies », conclut-on.