Contrairement à l'UGTA qui salue une décision «importante» au profit des bas revenus, les syndicats autonomes ne s'attendent pas à beaucoup d'impacts positifs sur les salaires des travailleurs. Les réactions des syndicats sont partagées concernant l'abrogation de l'article 87 bis du code du travail relatif à la définition du SNMG adoptée, mardi, par le Conseil des ministres. Si c'est «avec grande satisfaction» qu'a accueillie hier l'Union général des travailleurs algériens (UGTA) cette décision, ce n'est pas le cas des syndicats autonomes qui ne voient pas beaucoup d'impact de cette suppression. «Cela ne changera rien pour les travailleurs», nous répond d'emblée Meziane Meriane du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest). «A partir du moment où le terrain économique n'est pas préparé, le peu d'argent que vont engranger les travailleurs et les fonctionnaires risque d'être absorbé par l'inflation, vu l'état de l'économie algérienne», estime M. Meriane. Plus précis, notre interlocuteur ajoute : «Il y aura certes de petites augmentations mais qui seront vite absorbées par l'inflation.» Meziane Meriane dénonce par ailleurs l'exclusion des partenaires sociaux dans l'élaboration du nouveau code de travail : «Je considère que c'est une régression sociale très grave.» Et d'ajouter : «C'est une vente concomitante en tenant compte des points négatifs contenus dans le code du travail, à l'image de la suppression du CDI remplacé par le CDD.» Meziane Meriane n'exclut pas la fronde sociale après l'élaboration de ce code. «Cette élaboration risque de perturber le monde du travail avec la remise en cause des acquis sociaux», a-t-il mis en garde. Le premier responsable du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), Idir Achour, partage l'analyse du syndicaliste du Snapest par rapport à la suppression de l'article 87 bis. «Le problème n'est pas dans l'abrogation de cet article, mais dans la nouvelle définition qui sera faite du SNMG», estime Idir Achour. Pour celui-ci, «il faudrait plutôt penser à indexer le SNMG (Salaire national minimum garanti) par rapport au taux d'inflation sur le marché». Ainsi, aux yeux de ce syndicaliste, «la suppression du 87 bis ne touchera que quelques catégories, - jusqu'à la 5 peut-être -, qui vont bénéficier des miettes». Idir Achour profitera de l'occasion de notre sollicitation pour appeler les travailleurs à la mobilisation pour «imposer une valorisation du point indiciaire par rapport à l'inflation». Le chargé de communication de l'Unpef, Amraoui Messaoud, «salue» pour sa part l'abrogation de l'article 87 bis, mais considère que cela reste «insuffisant» au regard de la cherté de la vie. Ainsi réclame-t-il une augmentation du SNMG jusqu'à 25 000 DA et celui des salaires des corps communs. Comme à l'accoutumée, l'Union générale des travailleurs algériens a applaudi la décision relative à l'abrogation de l'article 87 bis. Dans un communiqué de la centrale syndicale, repris par l'APS, l'UGTA a d'ailleurs accueilli avec une «grande satisfaction» le dispositif de suppression de l'article 87 bis du code de travail relatif à la définition du SNMG. Tout en se félicitant de cette décision qu'elle juge «importante» et «courageuse», l'UGTA a salué avec «respect» et «considération» la concrétisation de «la promesse faite par le président Abdelaziz Bouteflika». Le syndicat affidé au pouvoir estime par ailleurs qu'il s'agit d'une «décision à inscrire dans la longue liste de son engagement au profit des larges couches des travailleuses et travailleurs». L'UGTA a, à cette occasion, renouvelé au chef de l'Etat ses «profonds remerciements» et son «infinie reconnaissance» en l'assurant de sa «mobilisation sans faille pour appliquer ses orientations», de son «engagement déterminé à soutenir ses efforts pour promouvoir le développement économique dans tous les secteurs et pour continuer à faire du dialogue social la clé de voûte du règlement de toutes les questions économiques et sociales».