Les syndicats autonomes se concertent actuellement afin de construire une réaction commune à l'avant-projet de loi portant code du travail. «Nous sommes en train de récolter des informations et de partager nos avis avec d'autres syndicats autonomes de la Fonction publique notamment, afin de construire une réaction commune», affirme Lyès Merabet du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP). Le syndicat, qui réunira son bureau national la semaine prochaine, estime que ce code est «une régression en termes de droits socioprofessionnels». «Une remise en cause du droit de grève. Nous dénonçons déjà le mépris des autorités envers les travailleurs et leurs représentants syndicaux, puisque le projet n'a à aucun moment été soumis aux syndicats autonomes pour enrichissement. C'est un black-out total qui a accompagné ce document depuis son initiation depuis 10 ans», explique encore le syndicaliste. Pour Bachir Hakem, enseignant et syndicaliste qui qualifie ce code de grande victoire du patronat, pense que «tous les syndicats doivent décider ensemble de demander au gouvernement de retirer ce code de la honte ou de s'autodétruire». Il explique : «Je trouve incroyable que dans mon pays où le code du travail existant était l'un des meilleurs au monde, puisqu'il garantissait toutes les libertés syndicales, se voit transformé. On l'a vidé de son cru positif pour le remplacer par des articles évidents d'exploitation et où on a consolidé les lois sur le contrat de travail désormais dicté par des articles où le travailleur n'a plus aucun droit, même pas celui de parler et où l'employeur est le patron et je pense qu'il est plus judicieux dans ce code de remplacer employeur par patron.». Dans sa réflexion, il explique que d'abord ce code s'est concentré sur le contrat de travail où l'employeur est le véritable patron pouvant recruter et licencier qui il veut. Pour le contrat à durée indéterminée, là aussi l'employeur peut mettre fin au contrat avec une indemnité maximale de 15 mois (article 106). En cas d'indiscipline, l'employeur peut licencier un travailleur sans passer par le conseil de discipline sur simple entretien. Ensuite, ce texte est le fruit d'un patron qui s'est fixé comme but que plus jamais aucun syndicat ne pourra avoir recours à la grève, que le travailleur algérien n'est plus libre et qu'il est obligé d'obéir aux ordres. Et enfin, c'est la légalisation de la tripartite et de là les syndicats autonomes ne peuvent plus s'y opposer dans la mesure où le syndicat le plus représentatif est l'UGTA, puisqu'elle regroupe tous les travailleurs de tous les secteurs.