Avec plus de 2 290 000 palmiers dattiers représentant un patrimoine phœnicicole important, la wilaya de Ouargla est classée au 3e rang sur le plan national. Elle perd chaque année une partie de son ancienne palmeraie à cause du feu. Outre les chiffres alarmants, à savoir la décimation de quelque 21 067 palmiers-dattiers entre 2001 et 2005, le dernier rapport sur les feux de palmeraie édité par la direction de la Protection civile de Ouargla met l'accent sur les causes réelles de ce fléau. A leur tête l'abandon de l'ancienne palmeraie pour des problèmes d'héritage, l'invasion du béton dans les zones proches des axes routiers et l'éternel sens de l'assistanat. A savoir que si l'Etat érige la phœniciculture en tant que secteur stratégique, il n'a qu'à la protéger lui-même en injectant le maximum d'argent dans des propriétés privées. Et c'est la réalité sur le terrain. Le directeur de la Protection civile avance même l'existence de disparités entre les différentes localités de la wilaya en matière de prise de conscience et de prévention. Les chiffres parlent d'eux-mêmes dans des zones où il n'y a aucun palmier brûlé telles que Taïbet, El Hadjira ou Blidet Amor, voire Touggourt ville. Ce sont curieusement celles aussi où les ceintures vertes réussissent le mieux. Deux grandes zones de sinistres sont distinguées, à savoir la cuvette de Ouargla et le Grand Touggourt. Ouargla marque sa prédominance avec 3369 palmiers décimés, viennent ensuite les palmeraies des petites communes périphériques de Touggourt avec seulement 544 palmiers perdus. Des chiffres plus récents étayent cette analyse. 3980 palmiers dattiers ont été détruits par le feu depuis le début de l'année 2006 à travers la wilaya. Ce chiffre est d'autant plus significatif qu'il ne représente que le bilan du premier semestre de l'année. En comparaison avec l'année dernière, qui a enregistré 3920 palmiers perdus dans 13 des 21 communes de la wilaya, on redoute le pire en ce moment, surtout avec les pics de température conjugués à une vitesse des vents assez importantes ces dernières semaines. Et là aussi les données confirment une nette tendance à la multiplication des sinistres, d'une part, et au grand nombre de pieds consumés par le feu chaque année passant de 3742 en 2001 à 5469 en 2002 pour se maintenir ensuite à 3757 en 2003 puis 3179 en 2004, d'autre part. Autre détail important, le nombre croissant des interventions des équipes de la Protection civile qui classent ce genre de sinistres répétitifs dans un bilan d'activité distinct, vu l'ampleur prise par le phénomène et les moyens à mobiliser pour ce type d'intervention, soit pas moins de 9 camions anti-feux répartis entre la direction de wilaya et les unités de Touggourt, Ksar, Beni Thour, El Hadjira et Aïn Beida. C'est justement la carte de la décentralisation des moyens d'intervention qui sauve la mise, nous explique le colonel Baâmeur à propos du programme de lutte établi par ses services et adopté par la wilaya. Une cellule est en effet mise sur pied pour suivre l'évolution des feux et renforcer les actions de prévention, affirme le directeur de la Protection civile qui renchérit sur la création d'unités, dotées de moyens d'intervention dans quelques localités stratégiques telles que Aïn Beïda, Ksar et prochainement Ngouça. « Ce qui facilite et accélère notre intervention. Un gain de temps est ainsi acquis contre le feu », le directeur de la Protection civile. Pour notre interlocuteur qui a été le premier à tirer la sonnette d'alarme et proposer un programme d'ouverture de pistes à travers les palmeraies, le fonds Sud a été une aubaine puisqu'il est désormais possible de réfléchir à optimiser les moyens de lutte contre le feu grâce au lancement de l'opération défrichement et ouverture d'accès. La direction de la Protection civile a, par ailleurs, effectué une série de rencontres avec les agriculteurs et les propriétaires de palmeraies en collaboration avec les services agricoles. Il en ressort que la culture de l'assistanat prévaut toujours, d'où la difficulté de toute intervention de l'Etat dans des biens privés. C'est ce qui fait la particularité de la palmeraie qui, à l'inverse de la forêt, n'est pas le bien de l'Etat et ne peut donc prétendre aux mêmes méthodes ni réglementation de lutte contre le feu. C'est dans ce cadre-là qu'une équipe d'officiers ayant participé aux formations spécifiques à la lutte anti-feux de forêt se penche sur les principales difficultés d'intervention dans les palmeraies. Selon les premières données en notre possession, il s'agit en premier lieu de l'abandon des lieux et de l'invasion d'herbes sauvages desséchées qui favorisent la propagation du feu, de l'exiguïté des accès, du manque de points d'eau en plus de l'absence de surveillance, notamment dans la vieille palmeraie.