Les changements opérés dans les rangs des chefs de cour, annoncés lundi dernier par la présidence de la République, ne sont en fait qu'un remaniement partiel prévisible. Ainsi, pour la cour d'Alger, sans président depuis le départ de Messaoud Boufercha, au mois de juin dernier, alors que tout le monde s'attendait à la confirmation à ce poste de Mme Ania Benyoucef, qui assurait, faut-il le rappeler l'intérim. C'est Lamraoui Abdelhamid, qui a finalement été désigné. Mme Benyoucef a, quant à elle, été nommée en tant que présidente de la cour de Boumerdès. Pour bon nombre des collègues de la magistrate, celle-ci méritait pleinement son poste à Alger, alors que d'autres ont estimé que pour présider une telle cour, il faut cumuler des années d'expérience à ce poste de responsabilité. Faut-il croire que les femmes magistrates doivent à chaque fois faire plus que leurs collègues hommes pour accéder à des postes de prise de décisions ? Une question qui mérite d'être posée, d'autant qu'à ce jour aucune femme n'a été nommée procureur général, alors qu'elles occupent des postes de responsabilité en tant que procureur, présidente de chambre, présidente de cour, et même présidente du Conseil de l'Etat. A préciser que le poste de procureur général près la cour d'Alger, assuré par Kaddour Berraja, n'a pas été concerné par le mouvement. Autre changement attendu a été celui opéré à la tête de la cour de Relizane, dont le fonctionnement était compromis du fait d'un conflit relationnel entre le procureur général, Miloud Zenasni, et le président de la cour, Yahia Bouri et ce durant des mois. Pour mettre un terme à cette situation les deux chefs de cour ont été appelés à réintégrer leur poste d'origine en tant que conseillers à la Cour suprême, une sorte de voie de garage pour les deux magistrats. Ils ont été remplacés par Miloud Ben Abdoun, en tant que procureur général et Tayeb Benarbia, en tant que président de la cour. Même sort a été réservé aux deux chefs de cour de Annaba, dont les noms ont été cités dans la presse lors du traitement consacré à une affaire de trafic de drogue. Des magistrats de cette juridiction ont été suspendus. Le climat tendu n'a fait que trop durer. Les deux chefs de cour, Mohamed Kouidri, en tant que président, et Ahmed Aouak, procureur général, ont été tous les deux appelés à réintégrer leur poste d'origine en tant que conseillers auprès de la Cour suprême. Ils ont été remplacés par Gherbi Lachemi, en tant que président et Brahim Mohamed Cherif, procureur général. La cour de Sétif a également été touchée par le mouvement, puisqu'il a été mis fin aux fonctions de ses deux chefs, désormais devenus conseillers auprès de la Cour suprême. Il s'agit de Abdelkader Dhaoui, président de la cour, remplacé par Slimane Brahmi, et Boussaâd Tekka, procureur général, dont le poste a été accordé à Rachid Boumelta. Les autres changements opérés et qui méritent d'être cités sont les mises de fin de fonctions des présidents des cours de Setif, Abdelkader Dhaoui, remplacé par Slimane Brahmi, de Skikda, Houria Nechada, dont le poste a été repris par Abdelkader Hamdane et des procureurs généraux, de Mostaganem, Hachemi Cheikh, remplacé par Benaïssa Hadjadj, de Ghardaïa, Djamel Eddine Mazouz, qui, lui, a succédé à Abdelhamid Rouini, et enfin de Sidi Bel Abbès, Abed Yahiaoui, dont la tâche est assumée maintenant par Mohamed Zougar, ancien procureur général près la cour de Batna. A signaler que parmi les mises de fin de fonctions, l'ex-président de la cour d'Alger, Boufercha Messaoud, a été appelé à d'autres fonctions, alors que l'ex-procureur général de Sidi Bel Abbès a, quant à lui, été mis à la retraite. Pour de nombreux observateurs, ce mouvement partiel est tout à fait ordinaire. Il aurait dû être annoncé juste après celui opéré dans les rangs des walis, parce que ces changements, apportés à ces niveaux de responsabilité, répondent aux mêmes préoccupations. Les magistrats, par contre, attendent avec impatience le grand mouvement qui interviendra, à en croire nos sources, incessamment. Il est question de la mise de fin de fonctions pour les juges (au moins 5) ayant fait l'objet d'une sanction par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), lors de ses deux sessions disciplinaires, l'une au mois de février et l'autre le 17 juin dernier. Plusieurs autres ont été soit réintégrés, soit mutés ou tout simplement réhabilités dans leurs fonctions. Il y a aussi les juges qui ont émis le vœu de se rapprocher de leurs familles dont les demandes seront examinées par le CSM. En tout état de cause, la liste définitive des magistrats concernés par le prochain mouvement est déjà fin prête au niveau de la chancellerie. Elle doit être transmise au secrétariat du CSM pour statuer dans les plus brefs délais.