Ce traditionnel Conseil des ministres n'aura pas lieu aujourd'hui. Néanmoins, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, signera aujourd'hui la loi de finances pour l'exercice 2008, et ce, lors d'une cérémonie officielle qui se tiendra, selon nos sources, au siège de la présidence de la République. Cette cérémonie de signature se déroulera en présence des présidents des deux chambres parlementaires, en l'occurrence Abdelaziz Ziari pour l'APN et Abdelkader Bensalah pour le Conseil de la nation, et le chef du gouvernement Abdelaziz Belkhadem en compagnie de son staff. Le premier magistrat du pays est dans l'obligation de signer la loi de finances avant le 31 décembre de chaque année, et ce, afin d'éviter le blocage des affaires de l'Etat et la paralysie du pays. Toutefois, le chef de l'Etat est libre de choisir la formule qui lui convient pour l'accomplissement de ce geste attendu de toute l'équipe gouvernementale, à leur tête les chefs des départements ministériels. Pour ce faire, M. Bouteflika peut convoquer un Conseil des ministres, comme il peut recourir à la signature du document dans son bureau ou alors lors d'une cérémonie où il conviera l'ensemble du staff exécutif, et apparemment c'est cette dernière option qui a été retenue. Ces derniers jours, ce sujet a retenu l'attention de tout le monde et beaucoup d'encre a coulé sur justement cette question et sur la tenue d'un Conseil des ministres et un éventuel remaniement ministériel avant la fin de cette année. Une année qui n'a pas été de tout repos pour les citoyens algériens non satisfaits du rendement du pouvoir en place et ayant ras-le-bol de promesses sans lendemain. Nos sources démentent catégoriquement les informations qu'elles mettent sur le compte de la spéculation et de simple rumeur. Dans la politique algérienne, il n'est jamais de tradition qu'un président de la République opère un remaniement important ou un simple lifting en plein Conseil des ministres. Ceci est contraire aux mœurs. Il est toutefois, dans les prérogatives du chef de l'Etat, d'annoncer, à l'issue d'une réunion restreinte, un remaniement partiel suite à quoi il convoquera dans les 24 heures qui suivent un Conseil des ministres. « Depuis l'indépendance du pays, aucun président de la République algérienne n'a remercié un membre du gouvernement en plein Conseil des ministres. Ce type d'information relève de l'ignorance et de la méconnaissance, notamment du fonctionnement des règles et des lois du pays. Ce genre de pratiques ne fait pas partie de nos mœurs », explique notre source. Par ailleurs, d'aucuns estiment que M. Bouteflika est imprévisible, donc il peut à toute heure annoncer un changement du gouvernement cette année ou l'année prochaine... S'agissant du projet de loi de finances et de budget pour 2008, celui-ci, faut-il rappeler, prévoit notamment un taux de croissance de 5,8%. Celle-ci a été élaborée sur la base d'un baril de pétrole à 19 dollars – contre plus de 90 dollars sur le marché international – et un taux de change de 72 dinars pour un dollar (contre 74 en 2007), ce projet de loi avait été approuvé le 14 novembre par l'Assemblée populaire nationale et le 24 novembre par le Conseil de la nation. Le texte prévoit une inflation de 3%, un PIB de 6863 milliards de dinars, ainsi que des recettes de 1924 milliards de dinars, en hausse de 5,1% par rapport à 2007, et des dépenses de 4322,9 milliards de dinars, en progression de 9,5%. La fiscalité pétrolière, calculée sur la base d'un prix de référence de 19 dollars le baril, est estimée à 970,2 milliards de dinars contre 973 milliards de dinars dans la loi de finances 2007. Mais la fiscalité réelle est nettement supérieure à ce montant. Le surplus alimente le Fonds de régulation des recettes créé pour amortir une éventuelle chute brutale des cours du brut.