Aller ou accompagner un malade pour un contrôle médical au CHU de Tizi Ouzou peut réserver des surprises. La bonne surprise est la parfaite prise en charge du malade par des médecins qui donnent le meilleur d'eux-mêmes. La mauvaise est le «plan de circulation» chaotique observé ces derniers jours à l'intérieur du centre hospitalo-universitaire. Les malades et leurs accompagnateurs sont concentrés dans une seule allée, disputant le passage aux ambulances et aux véhicules particuliers, dont certains manquent de heurter des malades transportés en chariot. Une visite pour un contrôle médical au service de cardiologie a permis de constater l'invention de «fausses distances» entre le malade et le service de soins. Il faut parcourir des centaines de mètres, en traversant un parking archi plein, éviter d'être écrasé par les voitures, s'engouffrer dans l'entrée B, emprunter de longs couloirs, longer la pharmacie et la morgue, demander son chemin aux infirmiers de passage qui vous diront de monter au 2e étage, par les escaliers, et arriver, essoufflé, même étant cardiaque, devant le service du contrôle de cardiologie. Près de dix minutes de marche, au rythme du malade, à travers les couloirs et les escaliers, un parcours éprouvant pour des personnes âgées se dirigeant au service de cardiologie, donc insuffisants cardiaques. Pendant que le malade attend son tour pour le contrôle de son pacemaker, l'accompagnateur voit une lumière au bout du couloir et s'approche pour constater à quelle extrémité du CHU il est parvenu avec son parent octogénaire. Stupéfaction, il voit, à une dizaine de mètres, la direction générale et à une vingtaine de mètres, le deuxième portail principal qui donne sur la rue Lamali. Si l'accès à ce bloc d'immeuble n'était pas verrouillé, on serait dans la rue en moins de dix secondes. Mais pour garantir la tranquillité devant la direction générale, il a été décidé de fermer le portail extérieur, sauf peut-être pour les véhicules de la DG, et de cadenasser la porte de l'immeuble où l'on pourrait retrouver immédiatement les services de soins comme la cardiologie ou l'urologie, des spécialités concernant notamment les personnes âgées. Alors, au nom de la quiétude du pôle directionnel, les malades, insuffisants cardiaques ou pas, doivent faire le tour du CHU, monter les escaliers, slalomer entre les files de voitures, pour revenir presque au point de départ et être au RDV devant son médecin. Avant de voir ce dernier, l'infirmière demande au malade de refaire le parcours pour ramener un «billet de salle», livré au niveau du service des admissions situé près de la direction générale et du fameux portail verrouillé. Pour enfin subir le contrôle médical, le malade doit passer quatre fois devant la morgue, la pharmacie, les cuisines, le parking, quatre allers-retours dans les couloirs et les escaliers…Le discours officiel sur l'obligation de se rapprocher de la population rebondit vraisemblablement sur les parois des structures de santé.