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Le calvaire des insuffisants respiratoires
Urgences aux CHU de Bainem et Beni Messous
Publié dans Horizons le 07 - 07 - 2012

A 18h30, la salle d'attente de l'hôpital Bainem est pleine à craquer. Déjà pour accéder au parking, les patients doivent d'abord passer par le contrôle sécuritaire. Qui transportez-vous ? Où allez-vous ? Quel service ? Qu'est-ce qu'il (le malade) a au juste ? Sont autant de questions posées par les agents de sécurité mobilisés devant le portail du CHU. Tout un rituel avant d'accéder au service des urgences. De la sorte, il créent la tension et font perdre un temps fou au malade qui souffre davantage de son mal et de l'attente. Une fois la voiture stationnée, les malades aidés par un proche, faute d'infirmier ou d'un accompagnateur médical, traversent le hall de l'hôpital où ils prennent place avant de rencontrer le médecin. C'est ici que le calvaire commence. C'est l'anarchie totale. Aucune coordination entre le personnel de la santé. Pire encore. Les insuffisants respiratoires sont ballottés entre le médecin qui les consulte et les infirmiers qui leur injectent une intraveineuse. Après quoi, ils les laissent partir sans leur prescrire un traitement adéquat encore moins les programmer pour un contrôle. Les malades attendant leur tour gémissent. Certains font les cent pas, d'autres essaient tant bien que mal de faire appel à un infirmier pour leur donner des explications. « Assabri madame » (patientez, votre tour va arriver). Voilà la réponse d'une infirmière qui, au moins, a eu l'amabilité de regarder la malade et de la consoler à sa manière. Blouses déchirées, tachées et déteintes, les infirmiers marchent en traînant leurs savates. Ils parlent à voix haute et plaisantent devant les regards navrés des patients. Tout d'un coup, ils seront attirés par des cris parvenant de l'entrée du service. Il s'agit d'un homme, un quadragénaire qui se disputait avec un membre du personnel médical. Les raisons ? « J'attends ici depuis plus d'une heure avec mon père âgé qui est très malade mais personne n'a daigné le prendre en charge », dira-t-il. « Ses cris de douleur ne semblent faire réagir personne, le personnel médical faisant des va et vient sans se soucier de son état de santé et quand j'ai demandé de l'aide, l'infirmier m'a répondu avec insolence », a-t-il dit. Par ailleurs, et au même moment, des éléments de la gendarmerie nationale arrivent avec un délinquant menotté, son visage ensanglanté. « C'est une bagarre qui a éclaté dans le quartier voisin à cause d'un bout de kif », a-t-on appris de bouche à oreille. Ryma souffre d'une insuffisance respiratoire. Atteinte d'une crise d'asthme alors qu'elle était en salle d'entraînement. Sans trop tarder, elle a été transportée à l'hôpital de Bainem. Après avoir rempli la fiche de renseignement, elle est restée près de 20 minutes sans que l'on vienne lui administrer un traitement et la mettre sous aérosol. Livrée à elle-même, elle a préféré se diriger vers une autre structure hospitalière en l'occurrence le centre hospitalo-universitaire Issad-Hassani de Béni Messous. Ici, le personnel se charge de suite de ses patients. Les insuffisants respiratoires ne seront pas orientés vers les urgences mais vers le service pneumologie, asthme et allergie.
MAHFOUD, UN INFIRMIER ATTENTIONNE
Le centre en question se situe à quelques mètres de l'annexe sud de l'administration. À l'intérieur, l'éclairage est faible. De la sorte, les patients n'ont pas très chaud et évitent de faire des efforts supplémentaires. Dans la salle d'attente, une odeur forte de produits pharmaceutiques se dégage. A 19h30, les deux médecins résidents sont là. C'est rassurant. Quelques patients sont en salle d'attente. Fiche médicale remise par le guichetier à l'entrée, ils passent l'un après l'autre. Après avoir pris le soin de noter les renseignements utiles concernant sa patiente, le docteur Touati, pneumologue à Béni Messous, a commencé une consultation approfondie. La malade venait de faire une crise d'asthme. Elle sera installée dans la salle de nébulisation pour trois séances d'aérosol à 20 minutes d'intervalle. Sa prise en charge s'est faite dès son entrée au service en question. Après ces séances d'aérosol, elle a eu droit à un contrôle. Elle sera réexaminée le 10 juillet prochain.A côté d'elle, les sièges spéciaux destinés aux patients nécessitant des séances d'aérosol étaient tous occupés. Nombreuses étaient les personnes âgées qui se sont rendues à cet hôpital pour se soigner. Les yeux fermés, le bras tendu et perfusé, ils essayaient de se détendre et de renouer avec la respiration qui leur a fait défaut momentanément. Selon Mahfoud, l'infirmier de garde, l'humidité et la chaleur posent problème. « Le service est submergé par les patients âgés en cette période de l'année », dira-t-il. Un sexagénaire avait du mal à respirer.
Pour le détendre, il discutait avec lui pour le mettre à l'aise. Accompagné de ses deux garçons, cet asthmatique s'est confié à l'infirmier. « Je suis âgé et je ne supporte plus cet état », dira-t-il la gorge nouée. Mahfoud, l'infirmier, l'a rassuré du mieux qu'il pouvait. « Mazalet el baraka ». Une phrase qui a suscité un rire chez le « vieux » qui s'est laissé faire. Cet infirmier en a gros sur le cœur. Il n'a pas manqué de relater les petits détails concernant l'ambiance du quotidien à laquelle sontconfrontés ses collègues et lui au sein de ce service. « Nous sommes contraints parfois de gérer les humeurs des accompagnateurs qui sont impatients et nous accablent d'insultes », s'est-il désolé. Selon lui, le personnel mobilisé est souvent contraint d'assurer l'assistance des personnes hospitalisées dans les autres services. « La garde n'est pas une tâche facile », a-t-il révélé. « Les urgences n'arrivent pas à faire face au nombre de patients surtout les vieilles personnes déshydratées, les diabétiques et les hypertendus qui ne résistent pas à la chaleur », dira-t-il. « On fait du mieux qu'on peut parce qu'il nous arrive d'être submergés de travail », a-t-il ajouté. Ce qui est pourtant certain, c'est qu'au niveau de ce service, l'accueil est convivial, de jour comme de nuit. « Un patient ne doit jamais être méprisé et le personnel doit être aux petits avec lui », a noté un aide-soignant rencontré dans la salle de nébulisation.


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