Le prix du baril reste très en dessous du prix budgétaire estimé en 2012 par le Fonds monétaire international, à un peu plus de 120 dollars. L'évolution du marché pétrolier inquiète. Depuis quelques jours, les cours du baril de brut sont à la baisse. Depuis que les prix du brent de mer du Nord sont redescendus en-dessous de la barre psychologique des 100 dollars la semaine dernière, c'est l'inquiétude qui s'installe, d'autant que la chute est rapide et semble inexorable. Lundi, les marchés ouvraient la semaine avec un nouveau cap franchi. Le brent a encore lâché quelques cents pour s'établir à 97,90 dollars le baril, soit en dessous des 98 dollars. Si la baisse des cours n'a pas entamé l'optimisme de certains producteurs de l'Opep au cours des premiers jours, la persistance de la tendance baissière préoccupe. Le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, a ainsi estimé, lundi à partir de Mostaganem, que le baril de pétrole a perdu près de 13 dollars depuis le mois de juin, le plus inquiétant étant la vitesse à laquelle cette chute s'opère, d'autant que les prévisions de clôture du cours du brut pour l'exercice 2014 émises par les autorités algériennes tablent sur un baril qui tourne autour de 100 dollars. Aussi, avec une moyenne d'environ 100 dollars le baril, le prix du Sahara Blend a lâché plus de 9 dollars depuis le début de l'année et près de 12 dollars depuis décembre 2013. Si le ministre a précisé que son département surveillait de près la situation, une baisse constante des cours du brut mettrait sérieusement à mal la résilience de la position financière externe de l'Algérie aux chocs et menacerait sérieusement la viabilité des finances publiques malmenées par la hausse crescendo des dépenses de l'Etat, notamment dans celles au caractère incompressible du compartiment fonctionnement. Risques D'autant que le prix du baril reste très en dessous du prix budgétaire estimé en 2012 par le Fonds monétaire international à un peu plus de 120 dollars. Une viabilité budgétaire qui risque encore d'être mise plus à mal. Ayant inscrit depuis quelques années un taux de croissance à deux chiffres, les dépenses publiques devraient passer au-dessus des 100 milliards de dollars, selon les prévisions du projet de loi de finances pour 2015. Aussi, si les responsables algériens avancent l'argument du matelas financier et de l'épargne publique constituées par le Fonds de régulation des recettes (FRR) pour contrecarrer tout choc issu du retournement du marché à court terme, ce serait plutôt l'évolution des ressources du FRR qui pourrait être sujet à inquiétude. A mesure que la production et les exportations d'hydrocarbures déclinent, les revenus de l'Etat se réduisent, ainsi que les values à verser au FRR. Dès lors que la hausse continue des dépenses budgétaires alimente le déficit du Trésor, lequel augmente ses prélèvements d'année en année sur les ressources du FRR, le bas de laine s'amenuise. Selon les prévisions du gouvernement publiées dans le cadre de l'avant-projet de loi de finances pour 2015, les disponibilités du FRR se situeront, à fin décembre 2014, à 5284,8 milliards de dinars, contre un montant de 5563,5 milliards de dinars, à fin décembre 2013, soit une baisse de 5%. En ce qui concerne la fragilité de la position financière externe, nul besoin de rappeler le poids du déclin de la production des hydrocarbures sur les exportations, et par ricochet sur la balance des paiements. Si l'on a réussi en 2013 à atteindre, in extremis, un solde très légèrement excédentaire, les mêmes difficultés se rééditent pour l'exercice en cours. La Banque d'Algérie a averti, il y a quelques semaines, qu'au cours du 1er trimestre 2014, les hydrocarbures exportés avaient décliné de 9% en volume et de 12% en valeur. Couplé à l'effet de la hausse continue des importations de biens et services, le solde du compte courant de la balance des paiements affiche une nouvelle fois un déficit de près de 470 millions de dollars. En l'absence d'une économie de l'offre, d'un climat des investissements qui demeure peu incitatif, les déséquilibres risquent de persister et de menacer à terme les facteurs de croissance.