Il est des situations qui laissent perplexes et renseignent sur le paradoxe et la démobilisation qui caractérisent notre société, aujourd'hui. Le cas de la grande roue métallique que les Chélifiens considèrent comme un patrimoine historique, en est un exemple parmi tant d'autres. En effet après avoir été sauvée d'une exportation frauduleuse vers la Turquie, la roue en question demeure toujours abandonnée au port de Ténès. « L'objet est bien gardé et nous attendons toujours que les services concernés ou les élus locaux de la commune de Chlef daignent venir la récupérer » nous dira une source du port. Et d'ajouter : « nous aurions aimé que ceux qui ont pleurniché sur le sort de cette roue, lors de sa disparition, se manifestent aujourd'hui pour la rendre à son milieu adéquat. » Rappelons que cette grande masse d'acier, qui pèse une tonne et mesure 1,5 mètre de diamètre, date de 1946 et était placée à l'entrée d'un ancien atelier de tournage, au centre-ville de Chlef. Elle servait à l'époque de pièce maîtresse à une unité de production de l'énergie électrique, qui fonctionnait selon des méthodes traditionnelles dans la région. Et contre toute attente, celle qui a pu résister à toutes les catastrophes qu'a connues la wilaya, a été, curieusement, déplacée et transportée jusqu'au port de Ténès, en Juin dernier, par des inconnus. Le silence des riverains a certainement facilité le vol de cette roue qui a été, heureusement, découverte, par les services de la police des frontières maritimes de Ténès, après d'intenses recherches effectuées dans l'enceinte portuaire. Elle était dissimulée dans un lot de ferraille destiné aux fonderies de la Turquie, et l'enquête, nous dit-on, suit son cours pour retrouver les auteurs de cette transaction illicite. Si donc la police des frontières a fait le nécessaire en stoppant net la sortie de cette roue vers l'Etranger, les autres parties concernées, au niveau local, semblent fuir leurs responsabilités et n'attachent aucune importance à une valeur historique qui, sous d‘autres cieux, aurait fait bouger toute la société et ses gouvernants. A quoi sert donc un musée régional nouvellement mis en service au chef-lieu de Wilaya ?