Le président Bouteflika a convoqué les walis hier au Palais des nations pour faire le bilan de « l'état d'application du programme présidentiel » sur le terrain. Après les ministres, voilà donc le tour des walis. Au regard de ce qu'ont été les audiences « ramadanesques » au palais présidentiel d'El Mouradia, sans doute aussi ennuyeuses que les longs et insipides communiqués qui ont suivi chacune d'entre-elles lus au JT de 20h, on ne peut se demander de la manière la plus légitime si, encore une fois, cette réunion ne va pas prendre davantage l'aspect d'une grande kermesse qui regroupera tout ce que le pays compte de commis de l'Etat au cours de laquelle seront « débités » des rapports tout aussi fastidieux et dont la conclusion s'arrêtera tout au plus sur un ensemble de recommandations sans suite sur le terrain ? Préjugés ou, a priori, malheureusement l'expérience nous a montré que cela a été bien souvent (pour ne pas dire toujours) le cas. En effet, les citoyens en proie aux problèmes de la vie quotidienne ne voient pas encore d'amélioration sensible qui pourrait laisser croire que l'on s'achemine doucement, mais sûrement, vers une meilleure gouvernance, dont ils en seraient les premiers bénéficiaires. Loin s'en faut, puisqu'il aura suffi par exemple que la sécheresse perdure quelques semaines par rapport au cycle normal saisonnier pour qu'ils soient obligés de renouer avec les traditions du rationnement d'eau potable dans les villes, alors qu'ils espéraient ne plus revivre cela à la faveur du miraculeux dessalement d'eau présenté en son temps comme la fin de tous nos tracas en la matière. C'était trop beau. On pourrait multiplier à l'envi les exemples où ça ne marche pas. La pomme de terre qui flambe toujours sur les étals des marchés alors que les ministres concernés, à savoir ceux de l'Agriculture et du Commerce, se rejettent la responsabilité comme ils se rejetteraient une patate trop chaude. Improvisation Lamentable, mais le consommateur n'est pas pour autant éclairé et ne comprend pas ce que l'on attend pour agir, se contentant avec une pointe d'humour qui caractérise l'Algérien de penser qu'il lui faudra à défaut, peut-être, se rabattre sur la banane, dont le prix est en passe d'être rattrapé par celui du tubercule de large consommation produit à Mascara et dans bien d'autres régions. Il n'y a pas que ces aspects de la vie de tous les jours qui laissent croire que l'on est en pleine phase d'improvisation, les citoyens ne comprendront sans doute pas que les pouvoirs publics reviennent sur des décisions que l'on a voulu présenter comme faisant partie des réformes économiques fondamentales, comme par exemple la privatisation des entreprises publiques. Il est, en effet, surprenant que le ministre des Participations et de la Promotion des investissements annonce, en passant, à l'occasion d'une rencontre sur le dialogue social, qu'une centaine d'entreprises publiques vient d'être exclue des privatisations. La démarche peut paraître, pour le moins, en porte-à-faux par rapport à la logique économique quand on sait par exemple les difficultés avec lesquelles une bonne moitié des entreprises a eu, parce que déjà lourdement éprouvées financièrement, à s'aligner sur la dernière décision gouvernementale d'augmenter les salaires des travailleurs. Et cela pour la simple raison qu'elles risquaient d'augmenter dangereusement leur endettement financier. Tandis que jusqu'à présent, on n'a pu régler les salaires impayés depuis plusieurs années de près de 30 000 travailleurs. Un vrai paradoxe au regard de la situation financière qui plaidera plutôt pour des mesures autrement plus efficaces, de restructuration industrielle, de reconversion tant il est encore possible de les faire. Et, surtout, tant que les moyens existent pour le faire. Rappelons-nous la période 1994-95 où tous les voyants économiques et sociaux étaient au rouge et où tout ce qui est possible et nécessaire de faire aujourd'hui était encore plus difficile à faire que maintenant.